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Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


On espérait le pire et le meilleur est advenu,

Publié par Eric de Falco sur 6 Novembre 2011, 08:09am

Catégories : #politique nationale

 au point que d’aucuns ne se sont pas contentés de la promesse de 2017 pour mettre en œuvre le même processus à droite. Il aurait été souhaité en 2012 pour qu’une forme de concurrence légitime vienne enlever tout regret à ceux qui ne désiraient pas adhérer à la thèse confortable du candidat "naturel". A l’évidence, Nicolas Sarkozy aurait triomphé mais au moins il serait passé d’une évidence jamais démontrée à une sélection légitimement conquise.

 

Si cette Primaire a marqué tous les citoyens de bonne foi, force est de s’interroger cependant sur la relative déception éprouvée par certains devant le caractère flou, trop général, plus moral que technique, du projet de François Hollande en plusieurs de ses aspects. Je ne crois pas qu’il y ait eu là une faiblesse intrinsèque du programme qui certes a commencé à faire l’objet - c’est de bonne guerre, a souligné le candidat socialiste - d’attaques outrancières et déjà insultantes.

 

Comparaison pour comparaison, quand Nicolas Sarkozy, avec une modestie nous annonçant en 2012 qu’il sera le moins mauvais dans la compétition engagée, alors qu’en 2007 il se flattait d’en être le meilleur, nul doute qu’adossé à son bilan, il subira une offensive au moins aussi intense de la part de l’adversaire. Parce qu’en 2007 c’était encore le temps des espérances quand en 2012 ce sera celui des espérances déçues.

 

François Hollande, en réalité, même s’il a semblé jouer le jeu de la Primaire avec conviction et engagement, s’était déjà dans sa tête et de tout son être projeté vers la victoire qu’il attendait et qui l’attendait. A partir de cette intuition et de cette anticipation révélées si lucides, on comprend mieux le souci qu’a eu François Hollande de ne pas s’enfermer dans un carcan qui pour être précis aurait été dévastateur pour la suite. Il a désiré à toute force, en rendant hommage avec discipline au projet socialiste, sauvegarder cependant sa liberté pour l’avenir. Prisonnier de rien et, j’espère, de personne.

  

François Hollande a aussi senti qu’avec Nicolas Sarkozy on était entré dans une nouvelle ère du jugement politique. Sans doute pas celle qui est la plus appropriée à son tempérament pudique et discret sur sa vie personnelle et son univers privé mais à l’évidence il a été, et sera, obligé de composer avec ce que la démocratie aujourd’hui exige.

 

La personnalisation présidentielle de Nicolas Sarkozy a été si mal acceptée par la communauté nationale que demain, presque mécaniquement, l’être du candidat, la personne du président auront une importance à ce point décisive que son programme comptera sinon moins qu’eux, du moins pas plus. Nicolas Sarkozy a payé la dure rançon de cette dérive qu’il a initiée puisque cette dernière a probablement empêché parfois que ses actions, occultées par l’exaspération citoyenne, soient appréhendées à leur juste valeur. Sa personne cachait ce qui aurait mérité d’être ici ou là salué sur le fond.

 

François Hollande, quoi qu’il en ait, s’est engagé dans cette voie et a visé à s’offrir au jugement républicain avec une image, un comportement, une langue qui puissent honorer le citoyen. J’insiste sur cette dernière exigence renvoyant à un art de parler parce qu’il le maîtrise à la perfection et que c’est un bonheur, après tant de vulgarités et de familiarités pour faire "peuple" alors qu’elles le méprisent au contraire, de se sentir à l’unisson de cette parole qui élève déjà grâce à sa forme.

  

Il me semble même possible d’aller plus loin dans cette présentation de soi devenue obligatoire dans un monde trop souvent déstabilisé, voire dégoûté par des prestations indignes de la part des élites. Je suis persuadé, en effet, qu’à l’avenir cette distinction, peu pertinente dans sa rigueur extrême entre vie intime et vie publique, tendra sinon à disparaître du moins à s’atténuer. Si j’ose dire, la première se verra de plus en plus considérée par rapport aux vertus réelles ou prétendues affichées par la seconde. Sera de moins en moins supporté le hiatus, le gouffre entre une quotidienneté guère exemplaire et l’attitude officielle se drapant dans une majesté superficielle. La cohérence cherchera à dominer l’hypocrisie.

 

Ce sera un immense progrès. L’exhibition même de la vie privée, la présentation publique de gestes et de démarches privés - l’arrivée en tenue de jogging à l’Elysée par exemple - seront aussi soumises à une vigilance et à une attention de la part de ceux qui après tout, raisonnant et observant de la sorte, se mêleraient de ce qui les concerne : les citoyens.

 

François Hollande, au-delà des idées qu’il défend, est très soucieux de ces apparences. Il suffit pour s’en convaincre de constater la manière délicate et élégante dont le couple qu’il forme avec Valérie Trierweiler se montre et se dévoile. Rien qui puisse offenser le bon goût ni choquer l’allure.

 

La tenue va à nouveau avoir droit de cité au pouvoir et dans ses sphères. Ce ne sera pas mince comme évolution. Qu’on ne traite donc plus aujourd’hui ce qui se rapporte aux subjectivités, aux attitudes, au mode d’existence, à la façon de parler, à la relation avec autrui comme des données dérisoires, négligeables. Elles sont fondamentales. Celui qui gagnera en 2012 l’aura compris.

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