François Fillon a convoqué une certaine dose de culot pour expliquer que la récession est «un problème français», dû avant tout à la politique du gouvernement. Non seulement la France a connu deux récessions sous la majorité précédente, mais en plus le phénomène se généralise en Europe. Espagne, Portugal, Grèce, Slovénie, République Tchèque, Finlande, Pays-Bas... Autant de pays qui voient leur PIB baisser, certains de longue date. L’Allemagne elle-même n’a échappé que d’extrême justesse à la récession, avec une hausse de 0,1% de son PIB au premier trimestre 2013, suivant une baisse de 0,7% fin 2012. En fait, la zone euro dans son ensemble est en récession, avec une croissance de -0,2% sur les trois premiers mois de l’année. Seule à voir son salut dans la réduction des déficits à marche forcée, elle est plus que jamais l’homme malade de l’économie mondiale. Portés par des politiques monétaires accommodantes, Etats-Unis et Japon s’attendent à une accélération de leur croissance cette année.
La récession témoigne d’une très mauvaise situation économique, dont les conséquences se font immanquablement sentir sur l’emploi. Elle n’a pas pour autant de caractère prédictif. Par définition, c’est a posteriori que l’on constate l’existence d’une récession : son officialisation ne présage donc pas forcément de l’évolution à venir de la croissance ou de l’emploi. Le même terme recouvre par ailleurs des réalités diverses : entre la franche récession de 2008-2009, où le PIB a perdu jusqu’à 1,5% sur un trimestre, et la quasi-stagnation de l’épisode actuelle (-0,2%), la différence est réelle.
La situation n’en est pas moins préoccupante, car une croissance nulle, ou même légèrement positive, n’empêche pas le chômage de monter. En France, on estime qu’il faut au moins 1,5% de croissance pour que celui-ci diminue. Or, en 2013 comme en 2012, le PIB devrait rester quasi-stable: il est attendu à +0,1% par le gouvernement, ce qui n’empêche pas celui-ci d’espérer une baisse du chômage dès cette année. Cette faible croissance a par ailleurs un impact sur les recettes fiscales de l’Etat, entretenant la douloureuse question budgétaire. Enfin, l’officialisation d’un état récessif peut avoir un impact psychologique important, poussant les ménages à diminuer préventivement leur consommation et les entreprises à reporter leurs investissements.