Un mois après le début des concertations sur la réforme des retraites, le gouvernement et le PS, très discrets sur leurs pistes, s’apprêtent à formuler leurs premières propositions. Lundi, pour le ministre du Travail, Eric Woerth, et sans doute dans la foulée, du côté de Solferino, où l’on envisage ensuite un «Tour de France pour les présenter aux Français».
C’est un document d’orientation d’une vingtaine de pages que le ministère du Travail devrait remettre lundi aux partenaires sociaux. Un simple point d’étape et non la réforme définitive, prend-on soin de préciser rue de Grenelle, alors qu’Eric Woerth doit enchaîner avec une nouvelles série d’entretiens avec les syndicats et le patronat. Il doit recevoir Jean-Claude Mailly (FO) mardi, Laurence Parisot (Medef) mercredi, Jean-François Roubaud (CGPME) jeudi et, vendredi, François Chérèque (CFDT).
Le gouvernement n’a pas caché sa volonté d’allonger la durée de cotisation mais exclut de baisser le niveau des pensions. L’idée d’un «effort financier supplémentaire des hauts revenus et des revenus du capital», est aussi dans les tuyaux.
Côté PS, la première secrétaire avait esquissé aussi quelques axes, exprimant notamment son attachement au maintien de l’âge légal de départ à 60 ans et envisageant une taxation du capital pour financer le système de retraites.
Après les annonces d’Aubry, dans «quelques jours», un Tour de France est programmé pour expliquer ces pistes de réforme et évoquer les problématiques «du vieillissement, de la dépendance», a précisé la patronne du PS, vendredi sur France Inter. «Nous avons un plan d’ensemble» qui aura des «garanties collectives pour tous» et «des libertés individuelles pour que les gens puissent choisir», a-t-elle annoncé.
Jeu de cache-cache entre le gouvernement et le principal parti d’opposition? Chacun a jusqu’alors attendu que l’autre dégaine le premier. «Un peu suffoquée» par son entretien avec Woerth, Aubry estime le gouvernement «très ennuyé, c’est à nous de parler les premiers». Selon sa version, le ministre lui aurait demandé:
-«Alors qu’est-ce que vous faites?»
- «Je suis désolée, c’est vous qui êtes au gouvernement!»
La socialiste a expliqué ne pas avoir voulu divulguer «tout de suite» ses propositions «parce qu’on ne travaille pas en confiance» et «craignait» que la droite ne prenne «une ou deux idées» en répliquant: «Vous demandez ça aux salariés. On le prend. Ah, même la gauche l’a proposé!» Reste que le temps presse: l’avant-projet de loi est attendu pour la deuxième quinzaine de juin.