On fume toujours pas mal. Et on ne sent pas une forte priorité sur cette question au niveau gouvernemental. Dans un éditorial, le professeur Yves Martinet se montre sévère, appelant à un nouvel «élan politique». Certes, dira-t-on, ce médecin est un homme très engagé, car président d'honneur de l'Alliance contre le tabac, mais il donne des chiffres qui font frémir. «En France, le tabac tue 200 fois par jour, en faisant perdre en moyenne 10 à 15 ans d’années de vie confortable à chaque fumeur.» Ou encore: «Une des études de ce numéro du BEH confirme un taux de mortalité trois fois plus élevé chez les fumeurs par rapport aux non-fumeurs sur une cohorte d’européens âgés de 40 à 65 ans au début du suivi.» Enfin, note Yves Martinet, «si l’État prélève environ 14 milliards d'euros sur la vente de tabac, le coût global pour la société est évalué à 47 milliards d'euros». Il ne le dit pas, mais la montée en puissance de la consommation du tabac chez les femmes risque de devenir gravissime dans les vingt ans à venir.
Cette situation est d'autant plus frustrante qu'elle n’est pas une fatalité. Comme le rappelle Yves Martinet, «les pays qui ont mis en oeuvre les recommandations de l'OMS ont obtenu une chute drastique de la consommation de tabac : en Angleterre, il n'y a plus que 21% d’adultes fumeurs, aux Etats-Unis 15%, au Canada, 13%. En France, la consommation de tabac, qui avait diminué à partir des années 1970, a réaugmenté depuis 2005, en particulier chez les femmes et dans les classes socio-économiques défavorisées, pour atteindre près de 34% des adultes». Et il insiste sur le fait qu'en France, s'il y a eu des vrais progrès, il reste des faiblesses, et surtout des lois qui sont mal appliquées, comme celle sur l'interdiction de vente du tabac aux mineurs.