La violence qui prévaut, de manière tristement chronique, dans certains bastions islamistes du Pakistan n'épargne personne. Même l'humanitaire, pourtant vital au développement du pays, n'est plus un "espace sacré",
Depuis le début de la semaine, neuf employés d'une vaste campagne antipolio ont ainsi été tués, à Karachi (sud) et dans le nord-ouest, près de Peshawar. Cette chevauchée meurtrière, nourrie par une "profonde ignorance", n'a pas été revendiquée, même si d'aucuns y voient la marque des talibans.
Par le passé, ces derniers n'ont eu de cesse de fustiger les opérations de vaccination contre la polio, perçues comme un "complot" ourdi de toutes pièces par l'Occident pour "déstabiliser" les musulmans..
En réaction à ces violences, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Unicef ont, de concert, suspendu leurs activités. Le Pakistan est, avec l'Afghanistan et le Nigeria, l'un des trois pays du monde où la poliomyélite – pathologie virale pouvant entraîner la paralysie – demeure endémique. En 2011, près de 200 cas y ont été recensés. Cette année, selon des chiffres encore provisoires, 56 cas auraient été diagnostiqués.
Pour le personnel de santé qui travaille sur le terrain, et surtout les femmes, le prix à payer pour garantir une prévention optimale devient de plus en plus lourd.
Outre l'octroi d'un dédommagement financier aux familles de victimes, les sénateurs pakistanais ont, de leur côté, appelé à mener une enquête approfondie sur ces assassinats. Suffisant ?
"A ce stade, la question est plutôt de savoir si les Pakistanais peuvent se sauver d'eux-mêmes."