Née de l’ambition de promouvoir l’hôpital public au sein du système de santé, la Fédération Hospitalière de France, FHF, englobe l’ensemble des établissements publics de santé, sociaux et médico-sociaux. Elle en représente toutes les composantes institutionnelles : directeurs, médecins, élus, usagers. Porteuse des valeurs du service public, elle s’est donnée pour mission de le défendre mais aussi de valoriser ses capacités d’innovation et son expérience de terrain issue directement des projets et des actions menées au sein des établissements.
La FHF s’est donnée à la fin de l’année 2011 une nouvelle plate-forme, répondant aux interrogations qui traversent notre société sur le modèle social qu’elle porte
et l’avenir des services publics. Les adhérents de la fédération sont en effet profondément persuadés que la crise que nous traversons implique de réaffirmer les valeurs qui nous ont toujours
rassemblés : la solidarité et l’équité, sous tendues par l’éthique de responsabilité qui anime tous ceux qui travaillent au sein des établissements.
Dans le contexte actuel, il est essentiel pour nous de contribuer à répondre à deux questions prioritaires : celle de l’efficacité des politiques publiques menées dans le champ de la santé publique et de l’organisation des soins, et celle de l’accès à des soins et des prises en charge de qualité, pour tous, et sur tous les territoires.
Il nous revient de suggérer aux Autorités Publiques qui ont la responsabilité de mener ces politiques, tout à la fois les principes fondateurs du service public sur lesquels nous ne pouvons pas transiger mais aussi d’exprimer notre volonté permanente d’adaptation, de modernisation et d’innovation. Aucune crispation sur une vision fermée et sectaire ne saurait être tolérée, mais s’ouvrir ce n’est pas brader, ce n’est pas vendre le service public à la découpe, ce n’est pas voir partir les meilleurs parce que nous n’avons pas les moyens de les retenir, ce ne saurait être l’asphyxie financière, même si nous connaissons les contraintes qui s’imposent à tous et que nous en partageons déjà le poids.
L’objectif majeur de lutte contre les inégalités d’accès aux soins et aux prises en charge, passe par des mesures nationales visant à corriger ces inégalités qui sont fortes et ancrées dans l’histoire des territoires.
Les inégalités en France sont d’abord marquées en fonction des catégories socio professionnelles : chacun sait que l’espérance de vie d’un ouvrier est de 6 ans inférieure à celle d’un cadre et surtout que cet écart n’évolue pas…
Le gouvernement vient par ailleurs d’ouvrir une discussion avec les représentants des médecins sur le sujet des dépassements d’honoraires ; nous ne pouvons qu’espérer que cette lutte contre la discrimination économique, contribue pour sa part à améliorer l’accès aux soins pour tous.
Cependant les inégalités d’accès aux soins restent préoccupantes sur nos territoires. La Haute Normandie se caractérise par un retard global dans l’accès aux soins. Les actions à entreprendre pour corriger cette situation ne sont pas que quantitatives, elles tiennent bien évidemment aussi à des problématiques liées à l’histoire des populations et des territoires, aux cultures collectives, aux comportements des uns et des autres. Cependant ces analyses multifactorielles ne nous dispensent pas d’un effort national de redistribution des ressources. Nous avons de longue date fait le constat des disparités de moyens par région, sans que pour autant ces constats n’aient permis de faire évoluer, même à la marge, les ressources des régions les plus dotées vers celles qui le sont moins.
En outre, est-il normal que nous n’arrivions pas à mieux répartir les professionnels de santé sur le territoire national ?
Est-il normal que face à la pénurie de médecins de premier recours, nous n’arrivions pas, quelle que soit la bonne volonté de l’ARS et les aides des collectivités locales, à fixer sur le terrain de jeunes professionnels, alors que le département de l’Eure, le Nord-Est de la Seine Maritime et certains quartiers de nos agglomérations, en ont tragiquement besoin ?
Est-il normal que le CHU, au titre de sa mission d’enseignement et de recherche, soit si faiblement doté en enseignants chercheurs, alors qu’il tient une place remarquable au plan national et international ? Pourquoi serait-il impossible de mettre en œuvre des redéploiements progressifs de postes au plan national ?
Il ne s’agit pas de nous lamenter ni de nous complaire dans des attitudes de victime, mais plus la contrainte de ressources est forte, plus les inégalités sont vécues comme insupportables.
A nous cependant de nous organiser, non seulement pour élever ce débat au niveau national, mais aussi en développant des capacités d’innovation sur nos territoires et dans nos établissements. Beaucoup peut être fait :
- Partenariat et coordination au profit des patients pour sécuriser leur parcours et lier de manière efficace, prise en charge de court séjour, de réhabilitation, ou de long cours, prise en charge institutionnelle et ambulatoire.
- Mutualisation de ressources logistiques et techniques mais aussi médicales.
Utilisation des nouvelles technologies autour de prises en charge partagées à distance.
- Délégations de tâches entre professionnels…
- Engagement de travaux collectifs sur la pertinence des actes, qui nous permettra de mieux utiliser nos ressources dans un objectif d’amélioration de la qualité des prises en charge des patients…
Enfin, sachons recruter et mobiliser l’ensemble des professionnels des établissements dans un dialogue social permanent et rénové. C’est de leur implication que dépend la qualité du service public que nous promouvons.