Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne se sont retrouvés jeudi 14 mars à l'occasion d'un nouveau sommet. Au programme : hausse du chômage et croissance en berne.
On constate que les efforts budgétaires mis en œuvre simultanément dans l'ensemble des pays membres provoquent une récession. On se tire une balle dans le pied : l'absence de croissance rend mécaniquement inatteignable les objectifs de réduction des déficits, quelque soit la volonté politique. C'est bien la preuve que le désendettement et la relance de l'économie ne peuvent être opposés. L'Europe doit être réorientée, non pour s'exonérer de la réduction des déficits, mais au contraire pour y parvenir.
La BCE a prêté 1.000 milliards d'euros aux banques européennes fin 2011, pour tenter d'enrayer la crise de confiance du secteur bancaire. Ce qu'elle a fait pour la finance, pourquoi le refuserait-elle pour l'économie réelle ? Il faut que la Banque centrale européenne (BCE) prête 300 milliards d'euros à la Banque européenne d'investissements (BEI). Elle pourrait ainsi financer les investissements nécessaires à la transition écologique : l'isolation des bâtiments, le développement des énergies renouvelables, des transports en commun, etc. Ce sont des sujets qui concernent tous les pays de l'Union européenne
Ces projets créeraient des millions d'emplois, ils relanceraient l'activité partout en Europe, et seraient aussi générateurs de rentrées fiscales pour les Etats. Ils participeraient ainsi à réduire les déficits publics et de plus, ils réduiraient notre dépendance aux importations d'hydrocarbures et au nucléaire. On ne peut relancer l'économie sans investissement, et cela ne peut venir massivement des Etats aujourd'hui. Le rôle de la BCE doit évoluer et jouer enfin le même rôle quee la banque centrale américaine et créer l’argent nécessaire à l’activité. La création de monnaie ne génère pas forcément d'inflation si elle se traduit par la création de richesses. Et quand on voit le chômage actuel, qui fait monter les populismes et menace l'Europe d'implosion, l'inflation n'est vraiment pas le principal problème.
La France fait le plus de propositions possibles en ce sens. Elle a poussé pour obtenir l'affectation d'un maximum de crédits à la relance de la croissance lors du sommet européen de juin dernier, pour avoir un budget européen le moins mauvais possible. Mais il faut encore convaincre. On ne gagne que les combats que l’on mène. On ne peut réduire réellement les déficits que si l’on réoriente l’Europe.
Nous préparons aujourd'hui les années 30. Mais quelles années 30 ? Est-ce 1930 : davantage de nationalisme, de fermeture sur soi, d'extrémisme, moins de solidarité et la désintégration de l'euro? Ou est-ce les années 2030, avec une Europe plus solidaire, plus intégrée, qui pèse dans la mondialisation face à la Chine, l'Inde ou le Brésil ? Il faut se battre pour que ce soit le deuxième scénario qui l’emporte.