Le Conseil National de la Résistance a construit un système de protection sociale en France, entre Europe du Nord
(Etat-providence) et Europe du Sud (Famille-providence)
, sur la base d’un compromis entre une vision universaliste de la Sécurité sociale protégeant les individus contre tous les risques sociaux, indépendamment de leur famille ET le choix d’un régime d’assurances obligatoires.
Mais les 4 risques
(santé, accident du travail, vieillesse, famille) couverts par la Sécurité sociale, définis en 1945, ne répondent pas aux problèmes des personnes « inactives » du fait de handicaps (quel que soit leur âge), laissant ces problèmes à la seule charge des familles (avec un droit au recours à l’assistance publique sous forme d’aide sociale pour garantir un « minimum vital »)
.
En 2012, la France n’aurait-elle pas à inventer une 3ème voie, par choix de société et non plus par défaut, entre l’Etat-providence et la Famille-providence
(entre Europe du Nord et Europe du Sud, où, d’ailleurs, ces modèles sont aujourd’hui battus en brèche…), entre la responsabilité individuelle et la responsabilité collective… ? En affirmant que l’accompagnement de la personne en incapacité importante est d’abord de la responsabilité de sa famille, mais qu’il est de la responsabilité de la collectivité nationale (par subsidiarité) de soutenir cette famille dans cette mission et de la suppléer en cas de carence, voire d’absence, de celle-ci… Ce qui entraînerait une revisite complète des politiques publiques gérontologiques, tant au niveau national (entre autres sur l’organisation financière de ce soutien et de cette suppléance, en agrandissant, par exemple, le risque et la branche « famille » de la Sécurité sociale [en réfléchissant sur les seuils pertinents à partir desquels les mécanismes de soutien et de suppléance entrent en jeu sous forme d’allocations familiales] et sur l’intégration des « personnes âgées » dans un… grand ministère des Familles et du Bien-être…)
qu’au niveau local…
Sinon, si rien ne change, si un nouveau contrat entre les générations n’est pas imaginé, tous ensemble, cela laissera la place à la libre concurrence non faussée pour les… riches et l’aide sociale réduite aux acquêts pour les… pauvres…, avec l’aide de mouvements cultuels et communautaristes...
Ainsi le projet de loi-cadre sur le vieillissement voulu par le nouveau Président de la République est donc opportun pour participer à la conception de ce nouveau contrat social.
S’il existe de nombreux rapports parlementaires, administratifs, professionnels, voire citoyens, suite à de moult auditions et concertations, qui permettraient de concevoir cette loi-cadre et même s’il semble urgent d’instaurer une réforme de la « dépendance », maintes fois reportée par l’ancien Président de la République, il me semble nécessaire d’organiser un débat citoyen très large
(au-delà du débat « institutionnel » de la « dépendance »)
, pour que les orientations portées par cette future loi soient co-portées par les citoyens de toutes générations, pour renforcer la cohésion sociétale.