Le 21 avril 2002, Lionel Jospin mettait un terme à sa «vie publique». Mercredi 19 octobre 2011, Nicolas Sarkozy a, lui, rompu avec l'étalage de sa «vie privée». Exposer sa famille, son nouveau bonheur de père? Mais quelle horreur, quelle vulgarité! Pas ça, pas lui... Et puis il y a ces millions de Français qui souffrent des conséquences de la crise, imaginez l'indécence de telles images...On ne saura donc rien du 4e enfant du chef de l'Etat, une fille. Du moins, pour le moment.
La non-communication érigée en communication, tel est le nouveau concept élaboré à l'Elysée pour tout ce qui touche à l'intimité du couple présidentiel. Début septembre, c'est Carla Bruni qui l'avait elle-même testé à une heure de grande écoute sur TF1. Son message à l'adresse de millions de téléspectateurs: «L'exposition à la vie publique est un choix d'adulte». En clair, regardez bien mon ventre rond, je ne vous montrerai jamais mon enfant.
Au passage, elle avait reconnu que la virée de Petra (Jordanie) en janvier 2008 avait été «une grande erreur». Petit rappel: en pleine période bling-bling, le Président de la République - lunettes d'aviateur et sweat noir à bandes jaunes - avait débarqué sous une nuée de caméras avec sa «top» et le fils de celle-ci cachant son visage sur ses épaules. Puis, lors d'une conférence de presse, il se rengorgeait: «Avec Carla, c'est du sérieux», et ainsi de suite.
Autant dire que cette époque fut ravageuse pour l'image et la popularité de Nicolas Sarkozy. Elle lui colle encore tant à la peau que toute les tentatives dites de représidentialisation ont pour l'heure fait un flop. Le silence et le relative discrétion autour de la naissance de sa fille participent à nouveau à cette ingrate reconstruction d'image. A peine née, voilà donc cette enfant déjà au centre de l'opération repentance bling-bling de son père.