Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


Une équation redoutable

Publié par Eric de Falco sur 28 Octobre 2014, 07:53am

Déficit public en hausse, dépenses publiques en baisse, croissance en berne... le gouvernement mène une opération vérité sur les comptes publics. Et ce n'est pas reluisant. A chaque rentrée parlementaire, le refrain est le même : le budget s'annonce comme l'un des plus compliqués de la Ve République. Les déclarations de Michel Sapin montrent néanmoins l'ampleur réelle des défis auxquels le gouvernement est confronté cette année. Avant la présentation du projet de loi de finances le 1er octobre, le gouvernement a cru bon de clarifier ses objectifs. Nous ne changeons pas de trajectoire, a assuré le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll à la sortie du conseil des ministres. Le sérieux budgétaire reste l'engagement qui a été pris depuis le début, le sérieux budgétaire avec la réduction des dépenses publiques reste la ligne qui sera suivie." C'est la première tranche des 50 milliards d'euros d'économies que le gouvernement s'est engagé à réaliser durant les trois dernières années du quinquennat. Et c'est un bel effort. Car les éléments ne sont pas favorables. Notamment l'inflation. Elle est plus faible que prévue, ce qui ralentit la hausse naturelle théorique des dépenses publiques, par rapport à laquelle les économies sont calculées. On s'attendait à ce que le gouvernement annonce 19 milliards d'euros d'économies, quitte à repousser une partie de l'effort au budget 2016. "On ne peut pas avoir les mêmes objectifs avec une inflation qui devient très faible", avait plaidé Michel Sapin le 2 septembre. "Les deux milliards d'économies qui ne seront pas réalisés à cause de la faiblesse de l'inflation seront donc compensés", a-t-il corrigé mercredi. Et de détailler : "Les dépenses de l'Etat et de ses opérateurs diminueront de plus de 1 milliard d'euros, quand naturellement elles auraient progressé de 6 milliards. La baisse des dotations aux collectivités locales sera confirmée à hauteur de 3,7 milliards. S'agissant de la sécurité sociale, plusieurs milliards d'économies ont déjà été votées ou négociées." Le gouvernement va aussi devoir compenser les dépenses supplémentaires annoncées cet été, notamment en faveur du bâtiment ou des ménages modestes, le ministre des Comptes publiques évoquant "d'autres mesures complémentaires". C'est la deuxième grande nouvelle de ce mercredi. Et elle n'est pas bonne : le déficit public augmente cette année. Il était de 4,2% fin 2013, il sera de 4,4% à la fin de l'année. En cause : d'abord un changement des normes comptables au niveau européen, qui fait grimper le déficit de 0,2 point en raison de la prise en compte du Crédit d'impôt compétitivité emploi distribué aux entreprises. Cela ne suffit toutefois pas à expliquer l'écart avec les 3,8% annoncés initialement. "L’essentiel de la hausse est évidemment dû à la dégradation du contexte économique", a expliqué Michel Sapin mercredi matin. Le gouvernement prévoit désormais un déficit de 4,3% en 2015 et la France repousse pour la troisième fois l'objectif de 3%, cette fois en 2017. Pourquoi cette nouvelle trajectoire ? Impossible d'augmenter les impôts. "L’efficacité, ce n’est pas de chercher à atteindre à toute force et coûte que coûte l’objectif de déficit initial, quelles qu’en soient les conséquences sur notre tissu économique". L'exécutif ne souhaite pas non plus renoncer au Pacte de responsabilité. "L’efficacité, ce n’est pas de prendre des mesures qui reviendraient à aggraver encore la panne de croissance que nous connaissons et à ralentir encore un peu plus l’inflation", explique Michel Sapin. Quant à aller plus loin dans la réduction des dépenses publiques : Le gouvernement a revu sa prévision de croissance de 1% à 0,4% cette année, et de 1,7% à 1% l'année prochaine. La cause de cette croissance morne ? "L’effort de réduction des déficits mené ces dernières années à travers toute l’Europe a continué de peser sur l’activité", explique Michel Sapin. L'absence de croissance plombe aussi les recettes fiscales, ce qui ralentit la réduction des déficits... Le gouvernement s'est-il montré trop optimiste ? "La panne de croissance de la zone euro au deuxième trimestre a surpris, répond Michel Sapin. Le recul de l'activité en Allemagne et en Italie a déjoué toutes les prévisions. Tous les observateurs avaient prévu une accélération de la croissance en cours d’année grâce à des taux d’intérêt très bas et des conditions budgétaires moins dures que par le passé. Ce n’est pas ce qui s’est produit. De nouveaux facteurs d’incertitude, notamment géopolitiques, sont apparus." Le ministre des Finances rappelle notamment que le Haut Conseil des finances publiques avait confirmé au mois d’avril la prévision du gouvernement, jugée "réaliste". Pour l'année prochaine, Michel Sapin qualifie cette fois sa prévision de "prudente".

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Articles récents