Démocratie, reset!

Publié par Eric de Falco sur 8 Octobre 2010, 07:55am

Reprenant une formule consacrée, l’histoire est un éternel recommencement. Le pouvoir et les « élites » sont un sujet d’études et d’analyses qui doivent nous amener à repenser en permanence notre rapport à la démocratie .La montée du nazisme et de ses élites en est un exemple particulièrement instructif. Il y a une remarquable continuité sur les plans personnels et idéologiques entre les jeunes intellectuels de la République de Weimar et la nouvelle élite SS .Leur vécu et leurs origines ont cristallisé leur vision d’un monde hostile et menaçant. Au-delà de ce point d’origine, ils se prétendaient être la génération de l’objectivité qui assume le réel sans aucun état d’âme. Le droit pour eux ne fait que traduire le moment d’un rapport de force entre les classes, les classes sociales, les peuples, les croyances. Depuis cette vision du pouvoir, et son anéantissement, la démocratie va bon train. N’a-t-elle pas accordé droits et liberté au plus grand nombre, établi une relative paix sociale et établi le suffrage universel et des mécanismes de représentation populaire à tous les niveaux. Mais comme précédemment, le danger reste présent quand ces conquêtes sont vides de sens parce que la liberté devient impraticable, parce que sans moyens, on ne peut l’exercer .Les inégalités qui croissent, le peuple que l’on appelle désormais opinion publique, la vérité qui est aujourd’hui établie par les sondages, l’instantanéité affective qui remplace le débat politique, montrent bien la crise ambiante de la démocratie .Quand personne ne sait plus ou est le bien et le mal, quand on constate que le profit est seul roi, on sent bien que c’est dans l’ombre des coulisses que tout se joue. Le pouvoir de la démocratie passe dans des pouvoirs que la démocratie ne connaît pas. Au fil de l’histoire, des élites s’auto désignent pour confisquer le pouvoir. Hier, des intellectuels géraient le régime nazi, aujourd’hui, des hommes d’affaire gèrent la V° République, aidés en cela par la communication instantanée qui, via internet et les mass-médias dont ils se sont emparés, synchronisent en temps réel les affects et les passions de chacun d’entre nous. L’émergence du Parti Pirate en Suède préfigure d’ailleurs la prochaine évolution de notre démocratie représentative si nous ne sommes pas capables de la réinventer .Penser qu’internet est un espace d’exercice de la Démocratie est une faute lourde. « Le Parti Pirate n’a pas d’opinion tranchée sur quoi que ce soit d’autre que les libertés sur internet » déclarait Richard Falkringe son fondateur. Cette déclaration constate le dépassement imminent de la démocratie représentative par une démocratie numérique impérative où l’instant réel domine l’espace temps partagé de la réalité de l’histoire politique des nations. Nous sommes dans la dictature du court terme et l’état d’urgence permanent .Aujourd’hui, les traders substituent à la connaissance subtile du marché des opérateurs boursiers, des tables mathématiques cybernétiques et les échanges se font dans la milliseconde d’un marché virtuel devenu au sens propre, inhumain. Même le religieux, sensé être le refuge de l’humain, sombre dans la cybernétique, conjuguant ubiquité et instantanéité, les attributs du divin, font émerger une humanité hystérique vivant les mêmes émotions au même moment pour les mêmes causes.

Il nous faut retrouver au plus vite un réel équilibre de notre démocratie entre tous les étages et toutes les composantes d’un véritable partage.

Un anniversaire militant

Refonder la protection sociale

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