Dans le cadre des discussions menées par les institutions européenne sur la politique économique, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a présenté le vendredi 6 décembre un rapport en partenariat avec le Conseil économique du mouvement travailliste danois et l'Institut allemand de politique macroéconomique.Quelques extraits de ce rapport.
Nous ne sommes pas dans une phase de reprise. La crise continue. Les problèmes n'ont pas disparu, ils se sont déplacés : on a réduit les déficits publics en créant du chômage. Ainsi on alimente la crise, en favorisant la pauvreté, et en tirant les salaires vers le bas. Cette dévaluation par les salaires, bien réelle, notamment en Espagne, va se propager vers d'autres pays comme la France. Et la compétitivité qui va avec ne durera pas. Nous allons être rattrapé par la déflation, une baisse des prix et des salaires qui va faire monter le cours de l'euro, et annuler nos gains de compétitivité. Au final, la dette publique va augmenter, et la monnaie unique sera de nouveau menacée.
La déflation est un phénomène qui met toujours du temps à s'installer. Mais dont il est très difficile de sortir. La Banque centrale a baissé ses taux directeurs il y a un mois ce qui, en réduisant le coût de financement des banques, et donc des entreprises et des ménages, stimule l'économie. Mais pour empêcher que la déflation se produise, il faut des mesures fortes.
D'abord, il faut réduire les écarts de taux d'intérêts entre les pays. On emprunte trop cher en Espagne ou en Italie par rapport à l'Allemagne ou la France. La Banque centrale européenne a la possibilité de remédier à cela, à condition que les pays s'engagent plus précisément sur la gestion de leurs finances publiques à moyen terme. Ensuite, il faut lutter contre les inégalités via des réformes fiscales, mettre en oeuvre des mesures contre la pauvreté. Il ne faut pas laisser la situation se dégrader. Il faut également utiliser les salaires minimum comme moyen d'ajustement entre les pays, de manière flexible parce que, bien sûr, les pays n'ont pas les mêmes marchés du travail.
Enfin, il est nécessaire de relancer l'investissement public. Il a baissé de 2 points de PIB dans la zone euro entre 2007 et 2012. On peut investir 200 milliards d'euros par an dans les infrastructures de transport (les routes, les ponts, les chemins de fer), on évitera ainsi que les réseaux ne s'effondrent, et l'on créera 5 millions d'emplois. Ce n'est pas négligeable, quand on pense qu'il y a 19 millions de chômeurs en zone euro.
La Commission européenne a reconnu que sa politique d'austérité avait eu de plus lourdes conséquences que prévu sur la croissance, mais elle estime qu'elle était nécessaire, et que désormais elle sera moins pénalisante. Elle veut donc poursuivre la lutte contre les déficits publics de la même manière. La situation actuelle est une conséquence de cette politique.