Depuis plus de cinquante ans, quelque chose comme l’Europe se bâtit, dessinant peu à peu les contours de plus en plus larges d’une entité collective originale et inédite. Assurément l’un des plus ambitieux projets politiques jamais imaginés. Pourtant, à mesure qu’il se développe, ce processus généralement désigné par l’expression de «construction européenne» génère, dans le même temps, et sans que cela soit décidé ou souhaité par quiconque, les ferments de sa propre destruction. C’est ce que souligne encore avec force le dossier empoisonné et, comme si souvent en l’espèce, technique des travailleurs détachés. Manifestation exemplaire de la puissance et de la violence des effets pervers qui viennent saper la légitimité - et donc les conditions de possibilité - d’une communauté européenne qui ne saurait conserver de sens que comme projet démocratique. Une nouvelle fois la démonstration est faite que non seulement l’Europe économique n’est plus viable sans une Europe sociale mais, autrement plus grave, que l’Europe, en l’état, est devenue le plus grand danger pour l’idée même d’Europe politique et pour nombre des Nations qui la composent. Il a fallu la perspective angoissante de la compétition pour les élections européennes, et la montée en puissance d’un euroscepticisme nationaliste, pour que le gouvernement français, mais aussi son opposition classique, commence sur ce dossier explosif à faire preuve de fermeté face aux desiderata de la Commission de Bruxelles. Espérons, pour l’Europe, qu’il n’est pas trop tard.
L'Europe reste avenir!
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