L’union nationale après l’attaque de Charlie Hebdo s’est faite sans le Front national. Cornerisé, le parti d’extrême droite et sa présidente sont apparus aux yeux d’une écrasante majorité de Français comme bassement politiciens dans un moment d’épreuve collective.
Marine Le Pen est pourtant convaincue que ses contorsions sur sa participation à la marche républicaine, comme les vociférations de son père, devraient vite passer au second plan. Et que, si cette séquence ne lui bénéficie pas dans l’immédiat (lire page ci-contre), à long terme elle ne peut que jouer en sa faveur puisque, sur le fond, elle considère que «les faits lui donnent objectivement raison».«Le temps de l’émotion et des commémorations est passé. La question est maintenant de passer à l’action. C’est la responsabilité des politiques que de régler les problèmes révélés par ces attentats», a lancé la patronne du FN vendredi lors d’une conférence de presse présentant ses mesures destinées à endiguer «la montée de l’islamisme radical».
L’ex-candidate à la présidentielle marginalisée ? Elle l’assume, le revendique pour en faire un atout. Cela lui a permis au passage de se poser une nouvelle fois en victime face «aux partis du système». «L’union nationale est devenue un garde-à-vous national, dénonce Marine Le Pen. Des réponses efficaces ne seront pas trouvées si la période qui s’ouvre se résume à une obligation d’obtempérer aux injonctions stérilisantes du gouvernement.» Et de juger «insuffisantes et cosmétiques» les mesures défendues par l’exécutif alors que François Hollande tente de cimenter son «sans-faute» depuis le 7 janvier en se posant en rassembleur («Nous sommes un seul peuple, une seule France», a-t-il rappelé samedi à Tulle, lire page 7) et que Nicolas Sarkozy refuse toute «politicaille».