Les "Français moyens" ont bel et bien l'impression d'être tous touchés par les hausses d'impôts. Et pour cause. Désormais, il apparaît clairement que les hausses d'impôts touchent tous les ménages imposables, c'est-à-dire ceux qui ont un revenu mensuel moyen supérieur à 1.700 euros net, soit la moitié des foyers fiscaux. Tant d'impôts sont modifiés - 84 mesures fiscales en trois ans, dont une soixantaine concernant les ménages ! - que chaque contribuable trouve une raison de se sentir directement visé...
En France, tout le monde - ou presque - a le sentiment d'appartenir à cet ensemble, y compris les ménages statistiquement classés comme "les plus aisés". Qu'en est-il réellement ? D'un point de vue statistique, rappelle-t-on à Bercy, on fait partie des 20% les plus riches en France à partir de 35.000 euros de revenu annuel par foyer soit 2.920 euros par mois. Pour le ministère du Budget, la cible est identifiable et identifiée : "Ces 20% supportent les deux tiers des hausses de prélèvements."
Les contribuables dont l'impôt sur le revenu est compris entre 1 700 et 3 000 euros en moyenne ont vu leur impôt sur le revenu augmenter de 3% entre 2012 et 2013. Les ménages qui gagnent entre 3.000 et 13.500 euros par mois (les 19% les plus aisés) voient, eux, la facture fiscale s'alourdir de 5%. Une augmentation qui peut être beaucoup plus élevée pour certaines familles. Le plafonnement du quotient familial joue à plein à partir d'un revenu mensuel net de 5 660 euros. Un couple avec un enfant verra son impôt augmenter de 336 euros. Et un couple avec deux enfants gagnant 6 433 euros par mois paie 672 euros supplémentaires. Ce plafonnement sera encore durci l'an prochain, lorsque le plafond sera ramené à 1 500 euros. Cela concerne 12% des ménages avec enfant. Les plus aisés, bien sûr.
Pour les 1% des ménages aux revenus les plus élevés (au-delà de 13.500 euros net par mois), l'impôt augmente en moyenne de 9%, sous l'effet de la nouvelle tranche à 45% (qui touche les revenus supérieurs à 150.000 euros) ou du plafonnement à 10.000 euros des niches fiscales (contre 18.000 euros). Celui-ci, se félicite-t-on à Bercy, devrait rendre imposables quelques milliers de contribuables qui échappaient jusqu'à présent à l'impôt sur le revenu. La réforme de l'ISF - et la contribution spéciale de la première année du quinquennat - a aussi accru l'impôt des plus riches.
Enfin, certains ménages argentés ont eu une petite surprise à la lecture de leur avis d'imposition pour 2013 : il ne comprenait pas une, mais deux lignes. En plus de l'impôt sur le revenu, il affichait les contributions sociales (CSG et CRDS) sur les revenus locatifs et les revenus de portefeuille boursier. D'habitude, ils recevaient cet avis en octobre pour paiement mi-novembre. En n'envoyant qu'un seul avis, le fisc économise un million d'euros, sans compter le décalage de trésorerie puisque les contribuables paieront plus tôt.
"Cette addition des deux impôts donne à beaucoup un sentiment d'asphyxie", reconnaît-il, même si l'impôt aurait été dû de toute manière. Sentiment d'autant plus juste, admet-on à Bercy, que les contributions sociales sont passées de 13,5% à 15,5%. La hausse de la TVA qui interviendra le 1er janvier 2014 a aussi été ciblée pour toucher en priorité les ménages plutôt aisés, explique-t-on à Bercy. C'est une critique qui monte au sein même de la majorité parlementaire. Certains députés, notamment ceux qui se sont regroupés au sein de la Gauche populaire, dénoncent sans pincettes l'influence des lobbys patronaux à Bercy ou à l'Elysée. Mais le peuple n’arrive pas à se faire entendre. Attention danger !