Les 1% les plus riches des États-Unis ont fait beaucoup parler d’eux ces derniers temps. Depuis le début de la crise financière de 2008, on les a entendus, flanqués d’avocats ou de consultants en communication, faire des déclarations lénifiantes et prononcer des plaidoyers pro domo lors d’auditions au Congrès. Ils répètent plus ou moins toujours les mêmes platitudes sur l’investissement, la prise de risque et la création d’emplois, et laissent poindre leur mépris devant l’incapacité de la nation à comprendre leur contribution. On a l’impression qu’ils ont peur de dire ce qu’ils pensent vraiment. Mais que disent-ils, ces super-riches, quand ils sont à l’abri des caméras?
Edward Conard a transformé Bain Capital, le fonds de capital-investissement de Mitt Romney, en une affaire valant aujourd’hui plusieurs milliards de dollars. Conard, qui a pris sa retraite l’an dernier à 51 ans est membre du club des 0,1%. Sa fortune s’élève à des centaines de millions de dollars; il vit dans un magnifique hôtel particulier de l’Upper East Side non loin de la 5e avenue; et il fut l’un des principaux donateurs de la campagne de son vieil ami Mitt Romney.
Conard a sans doute contribué à gêner la candidature de son ancien patron, Mitt Romney, en montrant une fois de plus à quel point les gens qui possèdent un ascenseur pour voitures et des Cadillac à ne plus savoir qu’en faire sont loin des réalités.
L’une des principales leçons qu’il a apprises chez Bain est qu’il ne sert à rien de chercher des solutions faciles. Dans un marché concurrentiel, seuls comptent les vrais défis. Lesquels exigent des moyens extraordinaires. Nous entendons souvent parler des grandes réussites – la pénicilline, l’iPhone –, beaucoup plus rarement des innombrables échecs et de ceux, hommes et entreprises, qui les ont financés.
Un problème central de l’économie américaine est de trouver le moyen d’inciter davantage de gens à chercher des solutions malgré les très faibles chances de succès. La solution est simple, d’après lui. La société prospère si ceux qui réussissent après avoir pris des risques gagnent beaucoup d’argent. Il en veut pour preuve le marché
Peut-être la concentration des richesses inspirera-t-elle une nation d’esprits novateurs capables de résoudre de nombreux problèmes. Mais si l’opinion de beaucoup d’économistes est juste – que la concentration décourage parfois l’innovation –, il y a lieu d’être inquiet.
Les riches peuvent gagner une bonne part de leur richesse grâce au travail acharné, au talent et à la chance. Mais ils peuvent aussi utiliser ensuite leur influence pour devenir encore plus riches. L’un des grands défis politiques et économiques de notre époque est de trouver un équilibre entre la richesse qui profite à la société et celle qui en pervertit le fonctionnement. Bien sûr, il nous faut encourager ceux qui prennent des risques et trouvent des domaines d’innovation productive. Mais il n’est pas dans l’intérêt de la nation de laisser la richesse fausser le processus politique au point d’entraver les idées nouvelles.