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Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


De la crainte au repliement

Publié par Eric de Falco sur 10 Novembre 2009, 09:40am

Catégories : #actualité

Ces extraits des conclusions de l'assemblée des évêque de France ne manquent pas d'intérêt et donnent le visage d'une église a l'écoute de notre société.

L'année écoulée a été celle de la crise financière et économique. L'illusion serait de croire que nous en sommes sortis et que tout va pouvoir continuer comme avant. Même si des décisions énergiques de certains gouvernements européens, dont celui de la France, ont évité l'effondrement de l'ensemble du système économique, nous savons que ce fut au prix d'une injection massive de capitaux par les Etats. Mais nous savons aussi que l'accumulation de cette dette énorme devra un jour être résorbée. Vivre à crédit finit toujours par se payer.

Nous voyons déjà se développer les conséquences tragiques de l'année écoulée dans la fragilisation accentuée des catégories les plus faibles de notre système économique : celles et ceux qui ne jouissent pas d'un emploi statutairement garanti, celles et ceux qui n'ont pas de formation initiale suffisante ou qui ont une formation inadaptée aux contraintes actuelles du travail. De manière plus préoccupante, des hommes et des femmes sont acculés au désespoir, que ce soit dans des secteurs d'activité particulièrement touchés comme l'agriculture, que ce soit par le stress de la compétition dans le cadre habituel du travail ou par l'incertitude qui plane sur l'avenir de leurs entreprises. Plus gravement encore des personnes sont assaillies par l'angoisse de la pénurie : angoisse du loyer à payer, angoisse des charges financières ou tout simplement angoisse de la nourriture pour ses enfants.

Devant de telles inquiétudes, la désignation de quelques boucs-émissaires scandaleusement surpayés peut évidemment se comprendre, mais cela ne suffira pas à rétablir un certain équilibre, ni même à réduire des écarts sans cesse accrus. C'est à une véritable réforme de notre pratique sociale que nous sommes appelés. Les membres de notre Église sont nombreux à se dévouer généreusement dans nos communautés et dans les associations qui se portent au secours des détresses les plus criantes. Nous les encourageons dans leur engagement et nous appelons tous les catholiques à soutenir leur action. Au-delà de ce magnifique effort de générosité, dont nous sommes les témoins, nous appelons aussi les chrétiens à exercer pleinement leurs responsabilités de citoyens dans tous les domaines de la vie économique et politique pour contribuer à construire une société plus juste.

 

Ces périodes de difficultés économiques sont propices à la tentation du repli sur les biens acquis et au risque de se crisper plus ou moins consciemment sur la défense catégorielle de nos avantages et sur le « chacun pour soi ». Cette attitude détruit le sens de la solidarité et ignore les objectifs du bien commun. Elle est particulièrement sensible dans la manière dont notre société se situe face à l'immigration.

Pour les sociétés d'Europe occidentale le traitement de l'immigration est une question récurrente et lancinante. Je ne sais pas si quelques gouvernements ont le sentiment d'avoir trouvé la bonne formule. En tout cas, je voudrais rappeler ici trois points de repère qui inspirent nos actions dans ce domaine, notamment à l'égard des personnes arrivées sur notre territoire en situation irrégulière :

- Le traitement appliqué aux personnes en centre de rétention administrative. Non seulement elles doivent bénéficier de moyens de subsistance dignes d'une personne humaine (nourriture, hygiène, soins médicaux, etc.), mais encore elles doivent pouvoir accéder normalement aux informations nécessaires à leur défense. Ces exigences, signes de notre réel attachement au respect des Droits de l'Homme, ont un coût, c'est-à-dire qu'elles entrainent une dépense publique, et doivent donc être financées d'une manière ou d'une autre par les citoyens.
- Le fait d'être en situation irrégulière ne fait pas perdre ses droits élémentaires à quelque personne que ce soit. Ayant enfreint la loi, elles doivent néanmoins bénéficier de la protection de la loi. En particulier, leurs demandes de droit de séjour ou de reconnaissance de leur statut de réfugié ne sauraient rester sans réponse sur des longues périodes (parfois plus d'une année) pendant lesquelles leur existence devient vraiment très difficile en matière de travail et de logement. Là encore l'amélioration du fonctionnement des services suppose des moyens et donc une charge pour tous.
- Quel que soit le bien-fondé des décisions judiciaires ou administratives, leur application doit respecter ceux qui sont concernés, en particulier les enfants et les jeunes pour lesquels les liens familiaux doivent être privilégiés.

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