"Le caractère certain de l'application d'une sanction rapide et proportionnée favorise la prévention du passage à l'acte". Le député de la majorité Eric Ciotti veut nettement durcir l'exécution des peines de prison. L'élu des Alpes-Martimes, également conseiller national de l'UMP à la sécurité, fait 50 propositions en ce sens dans un rapport qu'il a remis à Nicolas Sarkozy.
Pour Matthieu Bonduelle, secrétaire général du Syndicat de la magistrature (SM), le document est '"un rapport inepte de plus". Eric Ciotti détricote ce que la majorité a voté ces derniers mois.
"L'incohérence est totale"
Le député propose notamment de revenir sur les aménagements de peine prévus par la loi pénitentiaire de 2009 voulue par Rachida Dati. Les aménagements seraient limités aux peines n'excédant pas une année, au lieu de deux actuellement. "L'incohérence est totale. Il y a une défiance de principe à l'égard de l'aménagement de peine", dénonce Matthieu Bonduelle.
Autre recommandation formulée par Eric Ciotti : l'abandon des crédits automatiques de réduction des peines (actuellement trois mois d'incarcération en moins la première année de détention, deux mois par année suivante).
"Eric Ciotti parle à la droite de la droite"
Là encore, pointent les syndicats, le député revient sur un texte décidé par la majorité, la loi Perben II de 2004.
Par ailleurs, rappelle Matthieu Bonduelle, "ces réductions de peine n'ont rien d'automatique, puisque le juge d'application des peines peut les refuser en cas de mauvaise conduite."
Autre point qui hérisse les magistrats : l'idée de placer l'exécution des peines sous l'autorité du parquet, qui dépend de la Chancellerie. Virginie Volton met en garde contre un recadrage de la Cour européenne des droits de l'homme, car rappelle-t-elle, "c'est le juge qui est garant des libertés".
"Que va-t-il rester du juge d'application des peines?" s'interroge Matthieu Bonduelle.
"On est dans une logique de contournement du juge, déplore-t-il. Il y a quelques mois, c'était au juge d'instruction qu'on s'en prenait."
Pour lui, c'est certain, "Eric Ciotti parle à la droite de la droite".