Traditionnellement, les élections cantonales ne sont pas de celles qui suscitent l'engouement populaire. Dernier du genre avant l'instauration très controversée des conseillers territoriaux, le cru 2011 (qui se tiendra les 20 et 27 mars) ne devrait pas échapper à la règle. La moitié des cantons sont pourtant renouvelés, ce qui pourrait bousculer les équilibres dans une bonne vingtaine de départements.
Depuis 2004, la gauche contrôle la majorité des conseils généraux en France : 58, contre 39 pour la droite. Mais les majorités sont parfois fragiles. Elles peuvent ne tenir qu'à deux sièges, comme dans le Vaucluse, l'Ain ou en Seine-et-Marne ; ou à trois, comme dans le Cher, le Doubs, ou les Deux-Sèvres. Parfois, un seul canton suffit à faire basculer le conseil général : c'est le cas en Corrèze – où François Hollande joue son siège de président du département, dans l'Allier, dirigé par le Parti communiste (PCF), ou encore dans le Val-d'Oise.
Le Parti socialiste est confiant et se donne pour objectif de conserver ses départements et d'en conquérir deux autres, afin d'amorcer et conforter une dynamique dans la perspective de l'élection présidentielle de 2012. Mais les cantonales partielles qui ont eu lieu depuis les élections régionales de mars 2010 ont marqué une bonne résistance de l'UMP
Du côté de la majorité, de nombreux départements sont menacés : les Hautes-Alpes, l'Aveyron, la Vienne, dans la ligne de mire du PS, ne tiennent qu'à un seul siège ; la Charente-Maritime, et celui d'Eure-et-Loire ne sont acquis que par deux cantons d'avance ; enfin, trois sièges seulement séparent la majorité et l'opposition dans la Loire, en Loir-et-Cher et dans la Sarthe, département d'élection de François Fillon.
Enfin, n'oublions pas que cet automne, auront lieu dans la moitié des département les élections sénatoriales dont les conseillers généraux sont l'un des moteurs principaux et que ces sénatoriales peuvent amener la Gauche à conquérir la Haute Assemblée!
l'UMP a clairement choisi sa stratégie : faire de ces élections un scrutin exclusivement local, pour éviter que la mauvaise humeur de l'opinion se paye en sièges, et miser sur l'implantation territoriale de ses candidats pour se maintenir, souvent en masquant l'appartenance au parti de Sarkozy.
Jean-François Copé, le nouveau patron du parti présidentiel, a beau voir dans ce scrutin un "tour de chauffe" avant 2012, les cadres de l'UMP ne se font que peu d'illusions. Maintenir le nombre de départements qu'ils possèdent serait déjà une victoire en soi. Discrètement, le parti a profité de la réforme territoriale pour relever le seuil de voix nécessaires pour être présent au second tour de 10 % à 12,5 %, de manière à minimiser le risque de triangulaires avec le Front national (FN).