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Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


La santé, un vrai enjeu caché...

Publié par Eric de Falco sur 17 Février 2011, 08:46am

Catégories : #actualité

Aucune allusion perverse au grand Voltaire dont on aurait bien envoyé le héros de ses contes philosophiques de 1752, extraterrestre venu de Saturne, faire une revue des systèmes sociaux du monde et constater que les problèmes de la médecine libérale française, qui s’étalent dans nos journaux préférés, sont bien mineurs comparés à ceux qui agitent le monde. L’absence de systèmes de santé dans les pays qui connaissent aujourd’hui une révolte sans précédent a probablement une part de responsabilité dans l’exaspération d’inégalités devenues intolérables.

Jetons pour commencer un regard microcosmique sur nos histoires franco-françaises. L’initiative de la CSMF de répercuter sur le patient qui se présente en consultation sans sa carte vitale, la taxe de 0,50 euro par feuille de soins infligée aux médecins qui ne télétransmettent pas, paraît, pour une fois, s’appuyer sur des arguments de bon sens. Car après tout, la carte vitale n’est pas une carte de paiement mais une carte de droit dont l’assuré est le seul responsable. Il n’en reste pas moins que les médecins qui font de la résistance à une mesure d’économie manifeste ne peuvent pas s’en tirer comme çà en invoquant leur indépendance.
La réforme de la loi HPST dont l’examen par le Sénat est d’une actualité plus consistante. Si ses propositions, quelque peu retouchées, ne « karchérisent » pas la loi Bachelot comme Michel Chassang, président du principal syndicat de médecins, l’avait hargneusement souhaité, celles-ci n’en demeurent pas moins une sévère « correction ».

En Europe, les conservateurs au pouvoir restent les champions du libéralisme effréné. C’est aux 33 000 généralistes britanniques, regroupés en 500 consortiums, que vont être transférés les 80% du budget de la santé. Avec en face, des providers en concurrence y compris les hôpitaux publics. Réforme qui lance le bouchon tellement loin que le premier ministre, Cameron, en souvenir du fiasco des poll tax* qui avait valu la démission du gouvernement de Margaret Thatcher, son illustre prédécesseur à la tête des tories, aurait en sens inverse plutôt tendance à freiner le mouvement.

Les questions de l’accès aux soins de proximité apparaissent aujourd’hui comme l’un des soubassements les plus explicites des mouvements de contestations populaires. Cumulée au renchérissement des produits de base et au chômage, exacerbée par des écarts de revenus injustifiés, la pénurie de soins est l’un des motifs indirects de la propagation des révoltes dans le monde arabe.
Car, à y regarder de près, et à l’exception du Maroc qui vient d’entreprendre une réforme colossale permettant d’ici la fin de l’année à 8,5 millions de personnes démunies d’accéder gratuitement aux services de soins publics, ni en Egypte, ni en Tunisie, ni encore en Jordanie dont les cliniques ultramodernes drainent la population la plus fortunée de la région en laissant sans soins plusieurs millions de pauvres, il n’existe pas les « amortisseurs » sociaux que sont les soignants de base.

 

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