C'est en écoutant jeudi 17
mai rendre compte du premier conseil des ministres de l'ère Hollande qu'on a réalisé que quelque chose avait changé.
Voix juvénile, un brin tendue mais pleine de détermination. Il y avait quelque chose de frais et d'inattendu dans cette intervention qui tranchait avec la tonalité beaucoup plus
traditionnelle de toutes les cérémonies qui avaient précédé. La nouvelle porte-parole du gouvernement est un symbole à elle toute seule. Najat Vallaud-Belkacem est jeune - 34 ans -, c'est une
femme et elle est née au Maroc avant d'être naturalisée à l'âge de 18 ans.
Elle n'aime pas du tout être croquée en icône de la diversité, mais son parcours a quelque chose de réjouissant dans cette France prompte à dénoncer la panne de l'ascenseur social : boursière,
elle a fait des études de droit puis Sciences Po, est entrée en politique après le vote du 21 avril 2002 qui a vu Jean-Marie Le Pen se qualifier au second tour de la présidentielle. C'est une
élue locale qui a d'abord fait ses classes en Rhône-Alpes avant d'être repérée en 2007 par Ségolène Royal puis en 2012 par François Hollande.
Aujourd'hui elle est la voix du gouvernement et aussi la ministre chargée des droits des femmes. Ce qui n'est pas rien.Il faut
évidemment se méfier des premières impressions. En 2007, Nicolas Sarkozy, qui se décrivait comme "petit Français au sang mêlé" avait lui aussi frappé un grand coup en faisant entrer au
gouvernement Rachida Dati et Rama Yade. Tout ça pour en arriver cinq ans plus tard à dresser les Français les uns contre les autres dans une course effrénée avec le Front national.