L’abstention risque d’être forte au premier tour des présidentielles. Certains pronostiquent qu’elle pourrait être supérieure à 30%. Le triste record de 2002 (28,4%) serait alors battu. A qui la faute ? Sarkozy essaie de gagner des électeurs du FN afin d’arriver en tête au premier tour, seul scénario qui peut lui laisser une chance de créer une dynamique pour le deuxième tour. Le « candidat-sortant » entraîne la campagne sur un terrain qui attise les peurs, notamment de l’électorat le plus âgé, mais qui n’intéresse pas une grande partie de nos concitoyens pour lesquels l’emploi et le pouvoir d’achat sont les deux principales préoccupations
Après Christine Boutin, Hervé Morin, c’est au tour de Rama Yade et Jean-Louis Borloo de rentrer dans le rang, de « retourner au bercail ». La droite regroupe les siens. Quoi de plus normal ? Sarkozy fait huer la CGT dans ses meetings, fustige les syndicalistes CFDT. Laurence Parisot monte au créneau pour dire tout le mal que le patronat pense des programmes défendus à gauche. Une fois de plus, l’affrontement électoral, le choc droite-gauche sera le reflet dans les urnes de l’opposition de classes qui se joue tous les jours sur le plan économique et social. Mais une partie de l’électorat de gauche veut faire passer un message aux responsables socialistes. Un message préventif : si la gauche gouverne à nouveau, elle ne devra pas se soumettre et/ou s’adapter aux pressions libérales du capitalisme financier.
Les salariés actifs ou en retraite, avec un emploi « stable » ou précarisés, à temps plein ou à temps partiel expriment ce qui est majoritaire dans ce pays. Le modèle social leur apparaît être une « composante importante de l’identité nationale » . L'assurance-maladie, le SMIC, le Code du travail, l’assurance chômage, le système de retraite par répartition, les allocations familiales, les services publics, les minima sociaux sont des acquis historiques!
Comme toujours la question sociale est décisive. Le partage et la redistribution des richesses sont bien des marqueurs essentiels du Socialisme. Répondre à la question du pouvoir d’achat sans esquiver la nécessaire hausse des salaires, mettre en avant des mesures pour l’emploi, contrôler les licenciements, lutter contre la politique européenne d’austérité et de flexibilité… Mettre ces thèmes au cœur de la campagne socialiste, c’est ce qui pourra faire reculer l’abstention. Car les enjeux paraîtront alors plus clairs à ceux de nos concitoyens qui craignent de ne pas être entendus.
C’est dès le premier tour, le 22 avril, que se créera ou non une dynamique qui permettra de battre le « candidat-sortant » .