Dans son nouveau rapport publié mercredi 23 janvier, le Conseil d'orientation des retraites (COR) réussit une sacrée performance. En 150 pages, en grande partie consacrées aux inégalités face à la retraite, le COR n'évoque que très partiellement l'inégalité qui préoccupe pourtant probablement le plus les Français : celle entre les différents régimes de retraite.
Le COR se contente en effet d'avancer des pistes de réformes très techniques, et qui concernent presque uniquement les salariés du régime général, pour rendre le système plus redistributif qu'il ne l'est déjà actuellement. Le COR se demande par exemple si calculer la retraite sur l'ensemble de la carrière pour les salariés du privé, et non sur les seules 25 meilleures années, ne permettrait pas de mieux prendre en compte les carrières courtes. Le COR avance également des pistes techniques pour résorber les inégalités entre hommes et femmes.
Mais alors que ce sujet est au cœur des débats, il ne revient qu'à la marge sur l'inégalité qui fait que les fonctionnaires voient leur retraite calculée uniquement sur leurs six derniers mois de salaires. Le COR constate seulement que la plupart des fonctionnaires, à carrière complète, bénéficient d'une retraite comprise entre 80 % et 85 % de leur salaire moyen des cinq années avant leur retraite, contre 75 % à 80 % pour le privé. Pour les régimes spéciaux, c'est pire encore : il n'y a pas une ligne sur le sujet.
Une réforme systémique, trop sensible et trop complexe, semble être de moins en moins probable. Le gouvernement est très prudent sur le sujet et tout indique qu'il pourrait se contenter d'aménagements pour tenter de limiter le déficit, qui s'annonce abyssal, des retraites en 2020. Même la CFDT semble être désormais plus prudente. Laurent Berger, son secrétaire général, ne plaide plus que "pour une réforme d'ampleur", alors que son prédécesseur, François Chérèque, penchait pour la réforme "systémique".