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Le blog de Eric de Falco

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conseiller général du 1° canton de Rouen


Mali, quels enjeux?

Publié par Eric de Falco sur 20 Janvier 2013, 07:30am

Catégories : #actualité

Pourquoi la France est-elle entrée en guerre au Mali ?

Depuis le coup d’Etat à Bamako contre l’ancien président malien Amadou Toumani Touré, en mars 2012, et la prise de contrôle du Nord-Mali par des groupes jihadistes et terroristes, Paris tentait, sans grand succès, de mobiliser la communauté internationale en faveur d’une intervention militaire conduite par les pays africains de la région, avec le soutien des Occidentaux. La présence française dans la région est un héritage du passé colonial : plusieurs milliers de ressortissants y résident. Huit d’entre eux ont été pris en otage depuis 2010. La France dispose également d’intérêts économiques non négligeables en Afrique de l’Ouest. Le plus stratégique d’entre eux est l’uranium du Niger, exploité par Areva, qui alimente un tiers des centrales nucléaires d’EDF. Quels sont les buts de l’opération ?

Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, en a mentionné initialement trois : stopper l’offensive des groupes radicaux, empêcher l’effondrement total des institutions du Mali et protéger les ressortissants français et européens présents sur place. Le premier a été, en grande partie, atteint, en recourant aux hélicoptères des forces spéciales prépositionnées dans la zone et aux Mirage basés au Tchad voisin. . En attendant que la force africaine se déploie, et pour faciliter sa future mission, la France a décidé d’affaiblir massivement le potentiel des groupes radicaux. Les chefs des trois composantes de la nébuleuse islamiste - Ansar ed-Dine, Aqmi et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) - sont particulièrement visés par ces attaques aériennes. Abdel Krim, un lieutenant du chef d’Ansar ed-Dine, Iyad ag-Ghaly, a ainsi été tué dans un raid pendant le week-end. «Les bombardements vont continuer et même s’intensifier», dit-on au ministère de la Défense.

 Avec quels moyens la France intervient-elle ?

Depuis le début de l’opération, Paris a largement sollicité ses troupes prépositionnées sur le continent africain. Premiers à entrer en action, les hélicoptères des forces spéciales basées au Burkina Faso sont intervenus dans le centre du Mali, à Konna, vendredi soir, pour aider à repousser les islamistes de la localité, avant de lancer une contre-offensive. Simultanément, l’armée française a recouru à ses Mirage, habituellement au nombre de cinq, stationnés au Tchad dans le cadre de l’opération «Epervier». Hier, quatre Rafale ont rejoint la zone pour renforcer des capacités aériennes susceptibles d’infliger de lourdes pertes. Même si cela coûte cher, la France a les moyens de mener cette guerre asymétrique, sur une zone d’intervention circonscrite, contre un adversaire équipé surtout d’armes légères. Paris n’en a pas moins accueilli très favorablement les propositions d’aide formulées par les Britanniques et les Américains. Les premiers mettent à disposition deux avions de transport, tandis que les seconds devraient fournir des renseignements précieux, grâce à leurs drones déployés dans le Sahel, et des avions ravitailleurs, que la France possède en nombre limité. «Tout ce qui nous est proposé est bon à prendre», résume un haut gradé.

 L’intervention risque-t-elle de durer ?

Parallèlement aux frappes aériennes, et alors que l’opération au Mali fait l’objet d’un large consensus en France et à l’étranger, Paris veut saisir cette occasion pour accélérer le déploiement programmé d’une force multinationale africaine, censée reconquérir le nord du Mali, ainsi que celui des instructeurs européens chargés de reconstituer une armée malienne digne de ce nom.

De même, la question du financement de l’opération n’a pas encore été réglée. Une conférence des donateurs pourrait se tenir début février. En attendant, il paraît vraisemblable que Paris déploie des unités le long de la ligne de démarcation afin de prévenir toute nouvelle tentative d’infiltration des groupes islamistes vers le sud.  Chasser à coups de bombes et de missiles les islamistes des principales villes du Nord (Gao, Tombouctou et Kidal) paraît jouable. Mais le vrai défi sera celui du jour d’après, face à des adversaires très mobiles.

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