Un an, bientôt, après son élection, le moins qu'on puisse dire est que le président de la République n'est pas à la fête. Au centre, à droite, à gauche, même les plus placides s'alarment d'un "climat très inquiétant" (François Bayrou), "pourri et dangereux" (Benoist Apparu), du "risque de chienlit" (Jean-Pierre Raffarin) ou d'un "pays au bord de la crise de nerfs" (Jean-Christophe Cambadélis). Sans parler de ceux, à droite, qui versent de l'huile sur le feu avec jubilation.
La République – la Ve, s'entend – en a vu d'autres, peut se rassurer François Hollande, qui en connaît les ressorts et les ressources. Depuis 1958, le régime bâti par le général de Gaulle n'a-t-il pas résisté à toutes les tempêtes, surmonté la dépression de la guerre d'Algérie, encaissé la tornade de Mai 68, absorbé la grande marée de la droite contre la réforme de l'école en 1984, traversé plusieurs bourrasques de la jeunesse en 1986, 1994 et 2006, résisté à la vague des grèves de novembre 1995 ou à celle des manifestations sans fin contre la réforme des retraites en 2010 ?
Déjà, en 1975, lors de la légalisation de l'interruption volontaire de grossesse, puis en 1999, lors de la création du pacs, la droite avait poussé des cris à fendre l'âme et voué les réformateurs aux gémonies, avant d'admettre, bon gré mal gré, que la famille et la société n'avaient pas sombré dans d'infernales catastrophes. Aujourd'hui, pourtant, ce scénario de l'apaisement n'est pas le plus probable. Il bute, en effet, sur trois constats qui modifient les lois habituelles de la physique politique.
Tout d'abord, l'accumulation des crises. Celle, culturelle, du mariage vient s'ajouter à la crise économique qui mine la confiance du pays et le moral des Français depuis cinq ans, aussi inexorablement que la courbe du chômage grimpe vers des records historiques. Et, comme si ce n'était pas assez, le scandale Cahuzac y a surajouté une crise morale où l'indignité d'un ministre jette, quoi qu'on en dise, l'opprobre sur tout le monde politique. Cela fait beaucoup d'électricité dans l'air.