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Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


Rester vigilants!

Publié par Eric de Falco sur 12 Juillet 2013, 06:18am

Catégories : #politique nationale

Jean-Marie Le Pen jouait volontiers au diable ; Marine Le Pen se campe en ange laïc. Mais la "dédiabolisation" ne signifie pas l'abandon d'une mythologie manichéenne d'inspiration biblique : le potentiel émotionnel de cette configuration fantasmatique est trop puissant pour ne pas être exploité.

Pour Marine Le Pen, qui refuse de sentir le soufre, Jeanne d'Arc est la figure toute trouvée, comme son père ne manque jamais de le souligner. Elle s'arme contre de nouveaux démons : l'islamisme et l'économie "mondialiste". On est toujours dans un registre mythologique, celui des croisades. La Chanson de Roland, première épopée nationaliste qui chante cette "douce France" tant citée par les Le Pen, pose l'axiome fondateur de cette idéologie xénophobe : "chrétiens ont droit et sarrasins ont tort."

 Par un habile renversement de la diabolisation de son père, Marine Le Pen dénonce dans son dernier livre ce qu'elle nomme "l'économie du diable". Les officiants de cette secte satanique sont "élites apatrides... cosmopolites", "puissances de l'argent", "capitalisme transnational", "féodalités" et "nomadisme".

On reconnaît une petite musique familière : celle qui attaquait les "quatre Etats" confédérés de Charles Maurras : les juifs, les francs-maçons, les protestants, les métèques. Cette rhétorique allusive construit un texte palimpseste : elle offre les mots-clés d'un sous-texte implicite dans lequel se reconnaîtra l'extrême droite traditionnelle tout en restant suffisamment vague pour qu'y adhèrent aussi l'ultragauche ou tout un chacun.

La dédiabolisation s'appuie aussi sur l'image projetée par les nouveaux visages du Front national. L'orateur est lui-même un signe porteur de sens. C'est ainsi que Barthes décryptait dans ses Mythologies le "signe" Le Pen, "Breton solide séparé par un abîme racial des esthètes de la nouvelle gauche". Lorsqu'elle arrive en politique en 2002, Marine Le Pen est un signifiant "vierge" – plasticité dont elle use depuis pour se présenter en Mère Courage mal coiffée, en Jeanne d'Arc bottée, en people accessoirisée de lunettes Dior ou en tailleur noir très pro.

 

Autant de visages qui font d'elle une star et une femme comme tout le monde. Deux fois divorcée, mère de trois enfants, en ce sens moderne, elle parvient à incarner le changement alors que son programme a été écrit il y a plus de trente ans.

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