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Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


Nicolas candidat virtuel

Publié par Eric de Falco sur 13 Juin 2011, 07:53am

Catégories : #politique nationale

Surtout ne rien dire. Mais y penser tout le temps. L’entourage de Nicolas Sarkozy répète à l’envi que son champion, tout à son rôle de chef d’Etat, ne pense pas à la future campagne présidentielle. La réalité est évidemment différente. Sarkozy lui-même a du mal à ne pas évoquer le sujet devant les députés de la majorité, toujours aussi inquiets de sa désespérante cote de popularité. Mercredi, à l’heure du déjeuner, il a eu ces mots : «Moi, j’attends la montagne. Avant les Alpes, je ne donne pas de coups de pédales !» Et de se montrer à la fois rassurant et déterminé, affirmant, selon le Figaro, «que tout se mettait en place» pour la victoire de 2012. Le chef de l’Etat dit vrai : en toute discrétion, ses fidèles travaillent activement à l’élaboration de sa future plateforme programmatique.

«Doctrine». Chaque lundi, à 11 heures, rue de La Boétie, au siège de l’UMP, ils sont une douzaine à se réunir autour de Bruno Le Maire, ministre de l’Agriculture, chargé de la rédaction du programme de la majorité. Un petit cercle, baptisé «Copil», pour comité de pilotage, plutôt masculin (à l’exception de deux femmes), jeune et hautement diplômé. Hormis Le Maire, aucun politique digne de ce nom n’est à la table. Tous sont des conseillers techniques, dévoreurs de rapports et producteurs de notes en série. L’Elysée est bien sûr surreprésenté. Autour de Jean-Baptiste de Froment, conseiller éducation, on trouve Emmanuel Moulin, conseiller économique, Boris Ravignon, chargé du développement durable, et Olivier Colom, responsable du suivi du G20. Claude Guéant est représenté par son conseiller politique et l’UMP par ses deux directeurs des études. Le but de ces réunions ? Faire le point sur le degré d’avancement de la dizaine de groupes de travail qui moulinent en toute clandestinité sur des thèmes aussi variés que la fiscalité, l’éducation, le logement, le budget, la santé, la sécurité… Et élaborer une boîte à outils de mesures prêtes à l’emploi.

Voilà pour la partie immergée. Reste la vitrine. Celle qui s’affiche dans le bureau de Le Maire, au ministère de l’Agriculture, tous les lundis après-midi. Depuis plusieurs semaines, c’est un élégant défilé : des intellectuels, des économistes, des écrivains, des religieux… Au rythme de trois à quatre rendez-vous par après-midi. Même les syndicats ont été conviés. Si la CGT a décliné l’invitation, Jean-Claude Mailly (FO) a déjà été reçu et François Chérèque (CFDT) a donné son accord de principe pour un échange de vues. «Je tiens à ce que ce processus de consultation soit le plus ouvert possible», assure Le Maire. En juillet, il recevra les personnalités de la majorité, «toutes sensibilités confondues».Début septembre, lors de l’université d’été de l’UMP, à Marseille, il prononcera un discours présentant le fruit de cette cogitation. «Mon objectif est de définir une doctrine politique autour des valeurs que nous souhaitons défendre pendant la campagne et de fixer les défis qui attendent la France dans les cinq prochaines années», explique-t-il à Libération. Les mesures, elles, attendront. «Il ne faut pas les révéler trop tôt, dit un proche. Sinon, c’est prendre le risque de semer la pagaille au sein de la majorité.»

«Crise». A quoi ressemblera ce programme ? Le «travailler plus pour gagner plus» de 2007 a-t-il déjà un successeur ? Pour l’instant non. En revanche, le point de départ est connu. «Tout partira de la crise», dit Le Maire. «La nouvelle contrainte des finances publiques va structurer tout notre programme économique», assure un participant du Copil. Le groupe réfléchit notamment à comment faire évoluer la révision générale des politiques publiques (RGPP) et sa fameuse règle d’or de la suppression d’un fonctionnaire sur deux. Et, donc, à redéfinir les missions de l’Etat.

Certaines options fiscales ont été clairement tranchées : les avantages et inconvénients d’une fusion de l’impôt sur le revenu avec la contribution sociale généralisée (CSG), comme le défend le PS, ont été pesés. «C’est techniquement une très bonne mesure, mais c’est politiquement invendable pour nous, puisque c’est réintroduire trop de progressivité pour les classes moyennes», assure un participant. Sur la question du pouvoir d’achat, l’équipe planche sur les modalités d’une augmentation de la rémunération directe sans toucher aux coûts globaux du travail. «Un des points clés de la réussite du programme, c’est de pouvoir s’adresser à tous les salariés modestes qui ne supportent pas que leur revenu reste identique quels que soient les résultats de leur entreprise. La gauche veut répondre par la redistribution, nous par un autre partage de la valeur ajoutée et la généralisation des mécanismes d’intéressement», continue Le Maire.

Outre la santé et le logement, le Copil travaille à des propositions ambitieuses sur l’école, notamment primaire. «Ce sera un thème fondamental de la campagne», prédit un participant. Mais comment reprendre l’initiative alors que le gouvernement prévoit 1 500 fermetures de classes primaires à la rentrée ? «On peut penser que l’on n’a fait que tailler dans la masse, mais ce n’est pas vrai. On sera crédible car on montrera que c’est maintenant une priorité», ajoute un autre participant. Avec comme lignes directrices : autonomie, personnalisation des parcours, décentralisation et redéploiement des moyens… «On peut aller jusqu’à dire que les professeurs devront travailler plus, comme Ségolène Royal en 2007, quitte à imaginer une forme de revalorisation. On sait que ce genre de proposition cartonne auprès de notre électorat», poursuit-il. Quand aux questions d’identité nationale ou d’immigration, le groupe du lundi avance avec prudence : «Après le fiasco du débat sur l’identité nationale, le sujet est mort. Même s’il y a un vrai besoin de réassurance identitaire et culturelle chez les Français.» Le Maire espère bien remplacer dans le lexique de la future campagne le mot de «sécurité» par celui «d’autorité». Quitte à conditionner demain des allocations sociales et familiales au principe de «responsabilité» des parents vis-à-vis des enfants.

Migraine. De toutes les façons, personne ne se fait beaucoup d’illusion sur le rendu final. «Nicolas Sarkozy fera ce qu’il a toujours fait, il picorera», assure un proche. Même si Le Maire s’interdit de réfléchir à la forme de la campagne et au positionnement du futur candidat, tout le monde a déjà sa petite idée sur la question. D’abord, la campagne de 2012 ne ressemblera en rien à celle de 2007, faite au nom de «la rupture». Ni sur celle du bilan. «Par contre, Sarkozy peut très bien dire : "J’ai fait des choses et je vais aller jusqu’au bout"», assure Alain Minc.

L’entourage du Président a déjà en tête le positionnement du futur candidat : «Vous ne m’aimez pas trop, mais je suis une vraie sécurité.» Alors Sarkozy révise ses classiques. «Il est très séduit par la "Lettre à tous les Français" que Mitterrand avait signée pour lancer sa campagne en 1988», assure un proche. Voilà de quoi donner une violente crise de migraine à ses conseillers : comment un président de la rupture peut-il se représenter comme celui du rassemblement et du recentrage ? Un proche : «Sarkozy ne fera pas forcément le tempo de la campagne. Il jouera surtout en contre.» Bref, tout dépendra de la qualité de l’opposition. Et, pour l’instant, la droite se rassure en jurant que le PS n’est pas du tout au niveau.

 

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