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Le blog de Eric de Falco

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conseiller général du 1° canton de Rouen


Tapie, et maintenant Guéant?

Publié par Eric de Falco sur 26 Juin 2013, 06:25am

Catégories : #actualité

Claude Guéant est aux abonnés absents. L'ancien tout-puissant secrétaire général de l'Elysée, celui qui était devenu au fil des ans la tour de contrôle de la sarkozie, ne veut plus voir un seul journaliste. Communication zéro ! La faute à un versement d'un demi-million d'euros sur son compte personnel chez BNP Paribas. Le versement correspondrait à la vente de deux tableaux d'Andries Van Eertvelt, un obscur peintre flamand du XVIIe siècle. Claude Guéant aurait vendu ses toiles en 2008. L'acheteur ? Un avocat domicilié à l'autre bout du monde, en Malaisie, pays réputé très peu coopératif avec la justice française.

 

Cette version est loin de satisfaire les enquêteurs. Le préfet Guéant n'a effectué aucune déclaration de vente, ni au fisc ni au ministère de la Culture, compétent pour délivrer une autorisation d'exportation pour tout objet d'art dépassant les 150 000 euros. La justice a ouvert une enquête pour "abus de biens sociaux, faux et usage de faux, trafic d'influence, corruption active et passive et blanchiment". Le coup est dur pour celui qui devait son surnom de "Cardinal" à son influence et à son apparente onctuosité.

 

Claude Guéant  a été très impliqué dans les grands contrats en tout genre avec les régimes les moins fréquentables de la planète, de la Libye de Kadhafi à l'Angola de Dos Santos. L'ancien bras droit de Nicolas Sarkozy est un habitué des suites du Bristol et du Ritz, ces palaces où Alexandre Djouhri aime descendre lorsqu'il est de passage à Paris. "J'ai des relations amicales avec lui, a un jour reconnu Claude Guéant dans "Libération". C'est quelqu'un de très séduisant, de très intéressant."

 

Or il n'a pas échappé aux enquêteurs que Djouhri le "séducteur" travaille notamment avec Wahib Nacer, un banquier franco-yéménite représentant les intérêts de la Malaisie dans certains dossiers. Cité dans l'enquête judiciaire sur l'affaire Karachi en marge de la répartition de juteuses commissions, Nacer a-t-il joué un rôle dans le recrutement d'un acheteur complaisant pour les tableaux du préfet Guéant ? Et pour le compte de qui ? Les vérifications sont en cours. La justice décortique notamment les vols effectués par les avions privés utilisés par Alexandre Djouhri     

           

La première intervention du Cardinal aurait été un appui insistant auprès de la firme EADS afin qu'elle verse à l'homme d'affaires une commission de 12,8 millions d'euros en marge de la vente de douze Airbus à la compagnie libyenne Afriqiyah Airways. A partir de là, on retrouve le secrétaire général de l'Elysée en appui de toutes les affaires importantes de Djouhri.

 

En 2008 par exemple, Claude Guéant intervient auprès du ministre de la Défense, Hervé Morin, afin qu'il retire sa plainte contre l'intermédiaire Pierre Falcone pour trafic d'armes en direction de l'Angola. Au même moment, Alexandre Djouhri négociait à Luanda un marché de traitement des eaux pour le compte du groupe Veolia avec le président angolais...

Falcone sera relaxé en appel. Claude Guéant sera plus efficace notamment pour écarter Anne Lauvergeon de la présidence du groupe nucléaire Areva. Cette dernière avait eu l'outrecuidance de s'opposer aux transferts de technologies en Libye et en Chine sur lesquels travaillait Djouhri Les policiers planchent également sur l'argent liquide que Claude Guéant semble avoir manié sans modération. Selon les explications de l'ancien directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy ministre de l'Intérieur en 2002, il s'agissait des fonds secrets de la police. Claude Guéant aurait ainsi "tapé", pour ses besoins personnels, dans la douzaine de millions de francs annuels de l'enveloppe officielle à disposition des services d'enquête de la police.

Autre curiosité : à l'entendre, Michel Gaudin, l'ami de Claude Guéant, aurait couvert la transmission d'une enveloppe mensuelle de cash au cabinet jusqu'à l'été 2004. Or Claude Guéant a quitté son poste en mars de cette même année, quand Nicolas Sarkozy est devenu ministre de l'Economie et des Finances. Il est alors remplacé Place-Beauvau par Dominique de Villepin. Mais Pierre Mongin, le successeur de Claude Guéant comme directeur de cabinet, est formel : "A aucun moment, les pratiques décrites dans le rapport d'inspection n'ont eu lieu lorsque Dominique de Villepin était ministre de l'Intérieur", assure-t-il au "Nouvel Observateur".

 Claude Guéant, qui était alors à Bercy, a-t-il continué à bénéficier pendant quelques mois des fonds secrets de la police ? Encore une question que la procédure judiciaire ouverte sur la base du rapport d'enquête administrative pour d'éventuels "détournements de fonds publics et recel" devra déterminer. Encore une.

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