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Le blog de Eric de Falco

Le blog de Eric de Falco

conseiller général du 1° canton de Rouen


Une vrai vision du monde, chapitre 1

Publié par Eric de Falco sur 13 Mai 2012, 07:49am

Catégories : #politique nationale

Ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Lionel Jospin et ex-secrétaire général de l’Elysée sous François Mitterrand, Hubert Védrine, reconnu comme l’un des meilleurs experts français en relations internationales, explique les défis auxquels doit faire face le nouveau président, François Hollande.

 

Dans les démocraties actuelles, les débats électoraux se concentrent presque uniquement sur les enjeux intérieurs, l’économie, la société. Mais des thèmes internationaux s’imposent par le biais de la mondialisation ou de l’Europe, par exemple le Pacte budgétaire. C’est vrai qu’il n’y a pas une opposition frontale binaire gauche-droite, mais pas vraiment non plus consensus, d’autant qu’il y a souvent des divergences à l’intérieur de chaque camp. Quant à ce que l’on appelle parfois le «gaullo-mitterrandisme», c’est tout simplement la ligne de la Ve République, un réalisme qui a évolué constamment avec le monde, mais reste fondé sur l’idée que la France doit continuer à avoir sa propre politique étrangère. François Hollande est à la fois héritier conscient de cette histoire, et très libre. C’est à lui maintenant de fixer le cap.

 

Si Nicolas Sarkozy avait impressionné par sa capacité à arracher des décisions, celles-ci ont eu souvent un coût élevé car il heurtait ses interlocuteurs. Or, une politique étrangère, c’est la maîtrise des interactions dans la durée, ce qui est autre chose que des effets d’annonce, des postures, des succès ponctuels. La diplomatie Hollande pourra mettre cela à profit au Mexique, en Turquie, entre autres. Et même en Europe.

 

C’est lui, et les événements, qui fixent les priorités. Ne pas s’être beaucoup exprimé sur ces sujets pendant la campagne est une force. Cela a suscité perplexité, inquiétudes ou attentes qui fournissent maintenant autant de potentiels leviers. Cela dit, via la crise et les mutations mondiales, l’économie commande. On ne peut plus isoler les sujets «diplomatico-diplomatiques» de cette donnée centrale. La question primordiale aujourd’hui est celle de la politique économique en Europe, et d’abord dans la zone euro. François Hollande est parfaitement conscient que pour la réorienter, il lui faut réussir le rééquilibrage des relations avec l’Allemagne, au plan politique et économique, mais d’abord psychologique. Pour cela, il faut réintroduire les autres partenaires dans le jeu. Et ne pas avoir peur d’une mise au point claire avec Berlin, car sur beaucoup de sujets les approches ne sont plus les mêmes. Nous ne sommes plus à l’époque du «couple» franco-allemand, mais il n’y a pas de substitut à l’entente franco-allemande.

 

Il faut certes assainir les finances publiques, mais une politique de rigueur n’est pas supportable sans croissance, ni vision de l’avenir. C’est ce qu’a martelé François Hollande et, du coup, nombre de dirigeants européens ont compris qu’avec son élection il y aurait moyen de rééquilibrer une politique économique européenne trop marquée par les conceptions d’Angela Merkel. C’est aussi ce qu’attendent les Américains et le Fonds monétaire international. François Hollande a ainsi déjà réussi à créer un espace politique à partir de presque rien, démentant déjà les commentaires sur son manque d’expérience en matière internationale, et sur la base duquel il va pouvoir agir.

 

 

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