Département de Seine-Maritime
Session plénière des 15 et 16 décembre 2009
Débat de politique départementale
Intervention d’Eric de Falco
Conseiller général du canton de Rouen 1
Je ne cesse décidément de m’étonner…et de me répéter inlassablement.
Le Président de la République tente de passer en force pour imposer des lois de recentralisation, mais dans le même temps, l’Etat se désengage chaque jour un peu plus de ses missions nationales.
Il y a un hiatus manifeste : quel intérêt peut-il y avoir à recentraliser en se dessaisissant des compétences que l’on a déjà ?
La réponse est double :
- on recentralise pour reprendre par la loi ce que les urnes n’ont pas donné ;
- on se dessaisit de ses compétences pour mieux casser se qui reste de puissance publique. L’état n’assure plus ses missions essentielles auprès de nos concitoyens.
En fait une seule loi devait suffire
Art 1 : L’UMP doit gagner les élections
Art 2 : tous les moyens pour appliquer l’art 1 doivent être mis en œuvre
Art 3 : l’opposition peut continuer d’exister, mais seulement à titre consultatif ( voir le rejet par le Sénat de redécoupage électoral)
Ainsi en est-il de l’hôpital en général et du CHU de Rouen en particulier où le plan de retour à l’équilibre imposé par l’agence régionale d’hospitalisation a imposé au conseil d’administration la suppression de 162 postes.
Nous connaissons tous les 13 Millions de déficit de cet hôpital universitaire.
Mais cette seule donnée n’est pas suffisante et les Seinomarins ne connaissent pas les causes de ce déficit...
Ils ne savent peut-être pas que le solde structurellement déficitaire du CHU s’explique en grande partie par l’attribution de dotations sous-évaluées concernant les activités de service public de cet établissement, que sont l’investigation clinique, la conservation de gamètes, la conservation d’embryons ou encore les missions effectuées par le centre de ressources sur la mucoviscidose, sans parler de l’action sociale primordiale que joue l’hôpital auprès des plus démunis.
L’Etat – et ceux qui sont à sa tête, doivent être mis devant leurs responsabilités. Oui, je suis de ceux qui appellent le Gouvernement à doter sans plus tarder le CHU à hauteur des missions d’intérêt général qu’il mène. Sans cela, il sera dans l’incapacité de retrouver un solde budgétaire positif, au détriment naturellement de la qualité des soins et de la recherche en Seine-Maritime, au détriment des personnels qui travaillent en permanence à la limite de la rupture.
L'intervention de Nadine Morano Secrétaire d'état à la famille lors de l'inauguration de la crèche du CHU était totalement déplacée. " il suffit de bien gérer" dit elle à cette occasion. Cette situation est significative de l'attitude actuelle du gouvernement. C'est un irrespect intolérable des professionnels et des patients. L'hôpital public souffre d'être sous financé. La vision du gouvernement est uniquement comptable et vise à la marchandisation de tous les secteurs d’activité dont le secteur de la santé dont nous évoquons ici les difficultés
Je cite l’exemple du CHU, mais il y en a bien d’autres en Seine-Maritime.
Une nouvelle fois, je suis tenté d’évoquer le cas du Belvédère à Mont-Saint-Aignan, où sans les aides du Plan Hôpital 2012, il sera impossible à cet établissement de retrouver un équilibre budgétaire. Là-bas aussi, le Gouvernement se contente d’un méprisant « Aide-toi, le ciel t’aidera. »
Et puis, j’aurais pu citer de nouveau l’exemple du Centre Hospitalier Rouvray, dont les missions de psychiatrie générale ne sont pas assez soutenues.
A cette liste nous pourrions encore ajouter les craintes des élus et des personnels de
l’hôpital d’Elbeuf/Louviers/Val-de-Reuil, que vous connaissez bien Monsieur le Président… Car depuis notre dernier débat de politique départementale, naturellement les 16 millions d’euros promis
n’ont pas encore été crédités, et les menaces sur les emplois sont de plus en plus pressantes.
Enfin, la situation de nos hôpitaux ne doit en rien dissimuler le sort réservé de façon plus large à la santé des Français et des Seinomarins.
Franchises médicales, augmentation du forfait hospitalier, déremboursements, taxation des accidentés du travail : dans chaque cas, la logique à l’œuvre demeure la même. Nous pensions les
malades victimes, le Gouvernement les taxe au contraire de privilégiés – tandis que les vrais privilégiés, sont toujours exonérés à coup de bouclier fiscal ! L’impôt n’est pas une maladie honteuse et la solidarité nationale n’est pas un gros
mot.
Que dire en effet des exonérations sociales, abusives, accordées aux entreprises – comme celles sur les heures supplémentaires – qui ont contribué tout d’abord à faire baisser le nombre d’embauches, ce qui a doublement pesé sur le déficit de la Sécurité sociale. En cette période de crise, car nous y sommes encore, le Gouvernement avait une occasion forte de réaffirmer le poids de la puissance publique ; là encore il ne l’a pas concrétisée !
Aussi dans ces conditions ai-je envie de conclure simplement, en reposant cette même question : pourquoi accepterions-nous de donner plus de pouvoirs à un
Gouvernement qui est incapable d’assumer les compétences dont il dispose déjà ?
C’est aussi – vous en conviendrez avec moi Monsieur le Président, mes chers collègues –une des clés du débat sur la réforme territoriale.
Nos ministre chantent ; Vont-ils bientôt danser ?