Département de Seine-Maritime
Intervention d’Eric de Falco
Conseiller général du canton de Rouen 1
Session plénière du 20 octobre 2009
Débat de politique départementale
Monsieur le Président, Mes chers collègues,
En Seine-Maritime, la durée d’espérance de vie est inférieure à celle de la population de bon nombre de départements. Cette particularité nous a incités depuis 5 ans à agir en faveur de la prévention en matière de santé, autour des trois axes suivants :
- nous avons développé notre réseau de Centres Médico-Sociaux – réseau qui nous permet d’assurer une mission de proximité absolument fondamentale en matière de médecine infantile, de vaccination, de bilan sensoriel pour les enfants, mais aussi en matière d’écoute des parents et autres adultes ;
- nous avons soutenu le travail des associations, telle l’association EMMA spécialisée dans la prévention du cancer du sein et du cancer colorectal, à laquelle nous accordons actuellement 450 000 euros par an ;
- nous avons agi financièrement au plus près des familles, en prenant par exemple en charge la part non remboursée du vaccin à destination des jeunes filles pour éviter les risques de cancer du col de l’utérus.
Ces trois exemples sont autant de réponses précises à l’objectif d’égalité face à l’accès aux soins et à la prévention. J’aurais pu en citer d’autres, comme par exemple la contribution du Département au financement des services d’incendie et de secours, dont le rôle ne cesse de croître dans la prise en charge des situations d’urgence médicale… Tout cela rend plus que légitime le fait que notre assemblée se saisisse, ce matin, d’un sujet dont l’intérêt est éminemment départemental, tant les Seinomarins souffrent du désengagement de l’Etat en la matière.
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Depuis 2002 en effet, les gouvernements de droite ont réussi l’exploit de ne parler de santé aux Français… qu’en termes d’argent. Et essentiellement, pour le leur en demander toujours plus ! En tout cas, ils ne se sont pas beaucoup intéressés aux problèmes de santé publique qui, au premier chef, concernent les citoyens. Un épisode récent l’a encore montré : lorsque Madame Bachelot est venue dernièrement défendre sa réforme de l’hôpital au CHU, ce n’était pas pour annoncer de nouveaux moyens. Non, c’était pour justifier l’exclusion en grande partie des représentants des patients et des personnels dans les conseils de surveillance, et c’était pour défendre la centralisation accrue de la gestion des hôpitaux. Bref, rien qui ne constitue une avancée pour les Seinomarins en matière de santé !
Sur nos territoires pourtant, l’hôpital public constitue encore l’un des principaux outils d’égalité de l’accès aux soins. En toute logique, c’est à l’Etat qu’il revient de garantir la qualité du maillage hospitalier de notre pays ; force est de constater que le gouvernement ne manifeste pas une énergie débordante pour sortir l’hôpital de l’état croissant d’asphyxie financière dans lequel il est plongé… C’est en tout cas dans ce sens que l’on peut analyser, notamment, les insuffisances fortes du Plan Hôpital 2012.
Nous avions évoqué ici, il y a quelques mois, la situation du Belvédère, à Mont-Saint-Aignan : sans les aides du Plan Hôpital 2012, il sera impossible à cet établissement de retrouver un équilibre budgétaire. Le paradoxe, c’est que le Belvédère ne se verra accorder ces aides qu’à partir du moment où il sera revenu à l’équilibre budgétaire…
Nous avions évoqué aussi la situation du Centre Hospitalier du Rouvray, dont les missions de psychiatrie générale ne sont pas suffisamment soutenues, mais pour lequel dans le même temps on trouve sans aucun mal les moyens nécessaires à la construction d’une unité fermée pour malades difficiles – unité que le gouvernement présente scandaleusement comme la dernière garantie sécuritaire.
J’ai en tête également le cas de l’hôpital d’Elbeuf/Louviers/Val-de-Reuil, que vous connaissez bien Monsieur le Président… Il y a plusieurs mois déjà, nous célébrions les 20 ans de cet établissement. Le directeur de l’Agence Régionale de Santé vous avait alors assuré que les financements du Plan Hôpital 2012 – 16 millions d’euros en l’occurrence – arriveraient les jours suivants. Depuis, toujours rien ! Et les seules victimes ne sont pas les patients ; il faut penser aussi aux personnels, qui se dévouent à longueur d’année au service de nos concitoyens dans des conditions de plus en plus insupportables.
Si l’on ajoute à cela la réforme HPST (hôpital, patient, santé et territoires), la coupe – décidément – est pleine. Quoi qu’il en soit, nous avons tous bien compris la stratégie qui consiste à dévaloriser l’hôpital public pour précipiter notre système de soins et de protection sociale dans les bras du secteur privé et lucratif !
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Le Département, surtout dans le contexte d’étranglement financier qu’il subit aujourd’hui, n’a pas vocation à se substituer à l’Etat. Mais cela ne nous empêche pas de nous intéresser de façon précise aux problèmes de santé des Seinomarins...
C’est pourquoi, Monsieur le Président, je sollicite de votre part des informations sur les initiatives que vous entendez prendre en direction du gouvernement et des autorités qui le représentent, pour que les effets d’annonce cèdent enfin la place à une politique de santé publique digne de ce nom et des besoins de la Seine-Maritime. Je vous remercie.