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Le blog de Eric de Falco

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conseiller général du 1° canton de Rouen


Le naufrage de la politique

Publié par Eric de Falco sur 24 Avril 2013, 06:27am

Catégories : #les élections

Ses livres étaient déjà emballés, prêts à quitter le palais du Quirinal au plus tard le 16 mai. "J'ai donné tout ce que je pouvais donner", disait-il encore il y a une semaine à ceux qui espéraient le voir rempiler. Mais dans ce champ de ruines qu'est devenue la politique italienne, il est le seul à être resté plus ou moins debout, fiable, rassurant, professionnel. Du coup le voilà élu "Président de la république à vie"

C'est donc vers lui qu'ils se sont tournés pour sortir de l'impasse politique qui menaçait de devenir un abîme où ils auraient été engloutis. Bersani, Berlusconi, Monti l'ont supplié de rempiler pour sept ans. Et il a cédé. Giorgio Napolitano, président de la République sortant a accepté d'être candidat à sa succession. Sans surprise il a été réélu, samedi 20 avril, au sixième tour de scrutin à la majorité absolue des 1 007 grands électeurs. "Un coup d'Etat", a réagit Beppe Grillo. Non. Une honte peut être: 75% des élus, représentant 75% des électeurs en ont décidé ainsi, démocratiquement.

Les image qui viennent à l'esprit ? Des enfants retrouvant leur mère à la sortie de l'école après avoir cru l'avoir perdue. Des naufrages voyant arriver une chaloupe de sauvetage. Lorsqu'il achèvera son nouveau mandat, en 2020, Napolitano s'apprêtera à fêter ses 95 ans. La gérontocratie fait rage.

Mais ce second septennat symbolise la défaite, pour ne pas dire le naufrage, de la politique, la manifestation de sa panique, de son absence d’imagination. Incapables de s'entendre sur le nom d'un candidat, les parlementaires italiens ont donné la mesure de leur médiocrité. A commencer par ceux de gauche qui, étant les plus nombreux, devaient au moins s'entendre sur un nom pour espérer l'imposer.

Mais les grands électeurs de gauche ont préféré ouvrir leur prochain congrès (prévu en octobre) au cours des premiers tours de scrutins, flinguant le candidat de consensus, Franco Marini, puis Romano Prodi, jugé plus clivant, pour abattre Bersani, le secrétaire général du parti. Leurs divisions, leurs haines recuites l'ont emportées sur n'importe quel autre argument. Paradoxe: le plus jeune Parlement de l'histoire italienne, le plus renouvelé, a réélu le plus vieux chef de l’État du monde!

 

Silvio Berlusconi peut se frotter les mains : il n'a eu qu'à assister à l'implosion de son adversaire sans avoir rien fait (ou presque) pour la provoquer. A 76 ans, poursuivi dans trois procès, il est toujours là. Chapeau ! Si de nouvelles élections devaient avoir lieu à l'automne, il se retrouverait dans une position inespérée.

 

Beppe Grillo également. "Bersani est un mort qui parle", avait-il commenté en claquant la porte, il y a six semaines, à une possibilité d'accord avec la gauche. Mais sa stratégie est – du moins à court terme –  un échec. Fort de ses 25 % de suffrages obtenus il y a deux mois, le Mouvement 5 Étoiles n'est pas parvenu à se débarrasser de la "caste" politique. Ses élus n'occupent aucun poste de pouvoir. Quelque 8,5 millions d'Italiens avaient voté pour le changement. Mario Monti – quoique démissionnaire – est toujours Président du conseil et Napolitano a remplacé Napolitano...

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